Marie Renoir-Couteau (Lagardère Publicité News) : « il semblerait que le matraquage publicitaire ait vécu »

RenoirCouteau
(© Wlad Simitch/Capa Pictures)

Avec cette 5ème semaine de confinement, CB news poursuit ses entretiens avec les professionnels de la publicité, de la création, du marketing, des médias, de la high-tech… Aujourd’hui, l’éclairage de Marie Renoir-Couteau, directrice générale de Lagardère Publicité News (Europe 1, Journal du Dimanche, Paris-Match…).

Vos process, vos dispositifs… Sentez-vous Lagardère Publicité News pleinement opérationnelle malgré cette période de confinement ?

Passé l’effet de sidération, nous n’avons pas eu de difficulté dans la mise en œuvre du télétravail. En effet, Lagardère Publicité News a été pilote sur ce sujet au sein de Lagardère News en déployant une politique de télétravail généralisé depuis le second semestre 2019. Les 15 premiers jours, nous avons réfléchi avec les RH et le comité de direction pour adapter la structure à la baisse d’activité et calibrer au mieux notre dispositif de chômage partiel. Nous avons travaillé en proximité avec les équipes, l’idée étant d’être pédagogues tout en témoignant soutien et écoute aux équipes car l’expérience du confinement peut-être très différente en fonction des situations individuelles. Les plannings sont partagés, nous avons maintenu des rituels via les outils de conférence, c’est important de garder le lien et toujours un plaisir de se voir. La solidarité et l’engagement dont les équipes font preuve au quotidien est exemplaire, c’est pour moi une immense source de fierté.

Qu’attendent de vous vos clients, aujourd’hui ? Besoin d’être rassurés et/ou guidés ? Que leur préconisez-vous principalement ?

Ils sont reconnaissants que nos médias soient en activité. Et cette période a le mérite de démontrer l’absolue nécessité de médias indépendants et de qualité. En plus d’informer, les médias rassemblent, j’aime cette citation d’Alexis Lévrier – historien des médias – qui dit : « Ce qui est nouveau aussi c’est ce besoin plus fort que jamais d'interactions, de liens. C'est une des raisons pour lesquelles les médias et la presse sont à ce point nécessaires. Ils ont un rôle d'intermédiation ».

Nos clients souhaitent comprendre les usages en cette période de confinement. Force est de constater que, malgré les difficultés de distribution, les ventes de magazines sont très dynamiques (Paris-Match réalise de meilleures ventes que l’année dernière sur la même période) et l’écoute de la radio explose à domicile avec des pics d’écoute décalés plus tard le matin, télétravail oblige.

La crise sans précédent que nous traversons rebat les cartes et la communication de nos annonceurs s’oriente vers un discours de vérité, peut-être plus généreux car véritablement orienté vers les gens et leur propre bénéfice. Nous encourageons nos partenaires à prendre la parole différemment, jamais le brand content n’a autant fait sens. Comment les marques, en dehors de leur intérêt commercial immédiat, peuvent-elles accompagner, divertir, prendre soin de leurs clients sans espérer de retour sur investissement direct mais plutôt dans la construction d’une relation de long terme ? Cette crise est une opportunité d’inventer un autre schéma, de repenser les interactions. Il semblerait que le matraquage publicitaire ait vécu… Nous aimons accompagner les annonceurs dans de ce type de prise de parole et réfléchir avec eux. La période est propice à cette prise de recul.

Mesurez-vous d’ores et déjà l’impact financier d’une telle crise pour la régie ?

Les premiers effets se sont faits sentir sur mars, les mois d’avril et mai étant à date les plus impactés. En revanche, il est très difficile de mesurer l’impact financier global. Comme tout le monde nous naviguons à vue, heureux de pouvoir compter sur l’appui solide du groupe Lagardère à nos côtés.

Que vous inspire l’idée italienne de permettre aux annonceurs de bénéficier d’un crédit d’impôt s’ils investissent publicitairement dans les médias ? Les syndicats de la presse français y sont favorables. Le Gouvernement y réfléchit. Serez-vous de ce combat-là ?

Oui bien-sûr, toutes les aides seront les bienvenues pour soutenir l’activité économique. Cette crise est l’occasion de mesurer la valeur immense de nos médias français. La qualité, l’indépendance, tout ceci a un prix… La dynamique globale sera importante pour permettre à nos médias de perdurer, nous serons de tous les combats dès lors qu’ils nous aideront à assurer notre mission en assurant la viabilité économique de nos entreprises.

Y aura-t-il un avant et un après crise du coronavirus pour votre activité, votre régie ?

Oui comme pour chacun de nous, il y aura un avant et un après… En espérant que nous sortirons plus forts, affranchis de certaines rigidités ou conventions que nous nous imposions. Et sûrement, après une telle épreuve, plus solidaires que jamais.

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