Elisa Stoppa (Mushroom) : « cette crise a davantage repositionné l’humain au cœur des problématiques sociétales »
Avec cette 5ème semaine de confinement, CB news poursuit ses entretiens avec les professionnels de la publicité, de la création, du marketing, des médias, de la high-tech… Aujourd’hui, l’éclairage de Elisa Stoppa, directrice associée de Mushroom, cabinet de chasseurs de têtes spécialisé dans le recrutement des acteurs de la communication, du marketing et du digital.
comment s’organise aujourd’hui Mushroom ?
Nous sommes une structure agile et, de ce fait, il a été relativement simple de nous organiser en télétravail. Dès le lundi 16 mars, nous avons vivement recommandé à tous nos collaborateurs de rester à leur domicile. De plus, nous avions mis en place depuis plusieurs mois un réseau cloud nous permettant d’avoir accès à notre base de données à distance. Par ailleurs, entre associés nous continuons d’effectuer normalement nos réunions hebdomadaires par le biais de solutions de visio-conférence qui sont désormais très performantes.
En tant que cabinet de recrutement spécialisé, on imagine que les recherches de nouveaux collaborateurs sont au point mort et/ou gelées et/ou reportées ? Ou au contraire, encore plus ciblées et avec l’ambition d’embaucher rapidement ?
Nous avons vu toutes nos missions liées au secteur de l’événementiel disparaitre les unes après les autres, et cela même quelques jours avant la première semaine de confinement. Nos clients évoluant dans cet environnement ont été très touchés et nous échangeons avec eux au quotidien afin de « prendre la température » d’une potentielle reprise. Très clairement, ils n’envisagent malheureusement pas une grande évolution de leur situation avant octobre/novembre et sont extrêmement inquiets des conditions qui leur seront désormais imposées à l’avenir et qui risquent de bouleverser en profondeur leurs méthodes.
Le secteur du luxe est également extrêmement touché, du fait, dans un premier temps, du ralentissement de l’Asie (leur plus grand marché) et, ensuite, de la fermeture de toutes leurs points de vente, et cela au niveau mondial. Certains grands groupes avec lesquels nous travaillons ont malgré tout pris le pari de ne pas geler leurs embauches afin d’être en première ligne lorsque la reprise sera là mais ils font clairement figure d’exception.
D’autres domaines encore, comme les Biotech que nous accompagnons depuis quelque temps, continuent leur activité et ne semblent pas (trop) impactés par cette crise mondiale. Il en est ainsi également pour certaines agences orientées « communication de crise » et « communication interne » qui continuent de nous mandater sporadiquement.
De manière plus générale, nous espérons un début de reprise à la rentrée de septembre qui concernera l’ensemble de nos clients : agences de communication globale, agences de communication événementielle, annonceurs (CAC 40 et PME) etc.
Mesurez-vous d’ores et déjà l’impact financier d’une telle crise pour votre entreprise ?
L’impact financier est évidemment très fort pour les structures liées au recrutement, et cela de manière générale. Néanmoins, nous avons la chance d’être une entreprise « courte » et spécialisée. Les marques, après ce silence forcé et « recommandé », devront forcement reprendre leur communication car le public attend déjà une prise de parole pertinente d’après crise.
Les annonceurs qui vont sortir gagnants de cette période sont ceux qui auront choisi d’être proches de leurs consommateurs, à un moment où ils ont été fragiles et fragilisés. En communiquant notamment sur l’intérêt général, sur la vie quotidienne, en s’engageant sur de meilleures façons de consommer…
Tout cela va créer, du moins nous l’espérons, une dynamique favorable à l’économie en général et, par conséquent, au recrutement.
Croyez-vous qu’après cet épisode de crise inédit, le recrutement et la façon de l’envisager seront profondément transformés ?
Tous les médias parlent d’une augmentation du digital, pendant la période de confinement, comme seul moyen de communication et d’interaction entre les publics. Cependant, nous sommes convaincus que cette crise a davantage repositionné l’humain au cœur des problématiques sociétales. La fermeture de tous les lieux d’échange, l’interdiction des rapprochements professionnels a créé un manque que les réseaux sociaux et autres systèmes d’échanges à distance (zoom, houseparty, bluejeans, etc.) ne pourront jamais combler totalement.
La capacité ainsi de recruter en s’appuyant sur une approche humaine et « de proximité » sera toujours privilégiée, notamment pour des profils middle-top management ce qui est le domaine de prédilection de notre cabinet.