Stéphane Spineu (Nice Matin) : « Nous devrons faire preuve d'agilité et proposer des solutions adaptées »

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Avec cette 5ème semaine de confinement, CB news poursuit ses entretiens avec les professionnels de la publicité, de la création, du marketing, des médias, de la high-tech… Aujourd’hui, l’éclairage de Stéphane Spineu, directeur d’Eurosud Communication, régie du Groupe Nice Matin (Nice Matin, Var Matin et produits dérivés).

Vos process, vos dispositifs médias, vos clients… Tout est à revoir dans cette période exceptionnelle de confinement ?

Notre objectif premier a été de mettre immédiatement nos collaborateurs en sécurité : nous avons donc commencé par organiser le télétravail sur la quasi-totalité des effectifs de la régie. Nous avons ensuite adapté notre organisation comme bon nombre d’éditeurs ; une partie des équipes est aujourd’hui en activité partielle. Durant ces dernières semaines, nous avons renforcé nos outils collaboratifs digitaux.  Nos équipes restent très soudées et combatives. Il est évident que des enseignements seront à tirer de cette période. Ils permettront le moment venu de repenser certaines façons de travailler ensemble et plus généralement notre organisation.

Nos dispositifs médias se sont eux également adaptés aux enjeux de nos clients. Nous accompagnons nos annonceurs sur leur problématique de communication de « crise » : comment communiquer de façon responsable, sur leurs valeurs. Nous avons lancé dès le début de la crise plusieurs initiatives notamment sur nos supports digitaux, s’appuyant sur une forte augmentation de notre audience : +140%. D’abord avec une solution d’entraide pour les citoyens « CoronAIDES » et sa déclinaison BtoB. Ensuite, via des initiatives de type webinars visant à engager un dialogue constructif avec nos communautés de partenaires commerciaux ou encore avec la mise en place d’un groupe Facebook privé destiné aux entrepreneurs et tissu économique local (partage d’expériences, conseils, entre aide, témoignages…). Enfin, avec un feuilleton de newsletter d’informations. L’ensemble de ces dispositifs nous permettant de garder un lien fort avec nos clients et de les accompagner durant cette période.

Mesurez-vous d’ores et déjà l’impact financier d’une telle crise pour la régie ?

Oui évidemment. Pour le mois d’avril, on devrait observer une baisse très sensible. C’est une lame de fond dont il est difficile d’apprécier l’impact financier pour l’instant. On espère maintenant qu’elle durera le moins longtemps possible sans évidemment beaucoup de visibilité à ce jour sur la date et l’ampleur du redémarrage d’activité.

Que vous inspire l’idée italienne de permettre aux annonceurs de bénéficier d’un crédit d’impôt de 30% s’ils investissent publicitairement dans les médias ? Les professionnels français y semblent très favorables. Le Gouvernement y réfléchit. Une piste intéressante ?

Oui. Il faut que le dispositif bénéficie aux professionnels en proportion de l'impact qu'ils subissent car les portefeuilles des multiples acteurs du secteur ne sont pas comparables. On voit d’ailleurs qu’il y a d’autres initiatives en Europe pour des mécanismes de soutien notamment dans les pays scandinaves.

Quand et comment pour les médias sortir par le haut d’une telle situation ?

Nous sortirons par le haut d'une telle situation en ayant une compréhension rapide des nouveaux enjeux de nos clients. Ces derniers auront été eux aussi profondément transformés par cette période. Nous devrons faire preuve d'agilité et proposer des solutions adaptées. Nous devons également bénéficier du soutien des collectivités qui, à travers nos supports, communiquent des dispositifs concrets et de proximité aux citoyens. Les périodes de crises renforcent toujours le lien avec les lecteurs. La PQR est un vrai repère de confiance.

C’est quoi le monde d’après pour votre régie ?

Les moments de crise favorisent et accélèrent les mutations. Pour le groupe Nice-Matin, cette crise - et les apprentissages qu'il conviendra d'en retirer - est concomitante à l'arrivée d’un nouvel actionnaire et d’une nouvelle direction, ainsi que la sortie de la procédure de sauvegarde qui est un marqueur fort. C'est donc l'assurance d'un mouvement profond et ambitieux pour l'ensemble de nos activités.

La force d'un média de proximité c'est justement la proximité et le lien social qu'il maintient dans les territoires. C'est cette singularité qu'il convient de mettre en avant. Cette expertise, sans cesse renforcée par le dialogue constant que nous entretenons avec l'ensemble des acteurs locaux, doit être le pivot de notre mutation.

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