Bruno Bianzina (Sport Market) "nous dépendons complètement des décisions de nos clients"
C'est la cinquième semaine de confinement. CB News, au delà de l'endurance, continue d'informer. Nous poursuivons notre série d'interviews, débutée le 17 mars, avec aujourd'hui le témoignage de Bruno Bianzina, directeur général de Sport Market.
1) Comment allez-vous à l'agence ?
Bruno Bianzina : spontanément j’ai plutôt envie de vous répondre « bien ». Tous nos collaborateurs sont en forme et au travail dans les limites permises par cette situation. Nous sommes également rassurés par le prêt garanti par l’Etat qui donne du sursis à notre situation financière. Quand on est confronté à un arrêt quasi-total du sport et à une chute de plus de 80 % de ses revenus, c’est vital. Après vous dire que nous ne sommes pas inquiets et que la tentation d’ouvrir une crémerie ou d’aller faire du miel en Provence n’est pas là ... serait mentir ! Une PME comme la nôtre joue sa survie en ce moment. Depuis quelques années déjà nous n’avions que très peu de visibilité sur notre activité, avec des annonceurs qui fragmentent les missions, réduisent les durées des contrats et découpent les honoraires. Mais là, on est au stade ultime. Nous dépendons complètement des décisions de nos clients et de leur capacité à tenir leurs engagements à notre égard. Je dois dire que si certains restent un peu distants, d’autres sont absolument remarquables.
2) Encore un mois (minimum) : comment réussissez-vous à travailler ?
Bruno Bianzina : la question centrale est celle de la continuité que nos clients veulent donner à leur communication dans une période où il ne faut pas se tromper de message, mais où rester muet serait incompréhensible. Le signal serait très mauvais. Arrêter de communiquer reviendrait à reconnaître que la marque n’a rien à dire à ses publics quand ça va mal et qu’elle reviendra quand on pourra leur reparler comme avant. En plus d’être insincère c’est à mon avis inefficace. Nous travaillons sur ce sujet. Comment adapter les messages de nos campagnes. Comment au travers du sport poursuivre la démonstration que la marque est capable de tenir sa place dans la cité et d’être utile. Je crains que les marques qui ne se posent pas la question soient à termes disqualifiées. Le sport ne résout pas tout, mais il a montré qu’en période de confinement, il était une activité majeure, une composante centrale du quotidien des gens et que l’activité physique était nécessaire à leur bien-être. Cette prise de conscience autour du « sport par tous » doit impacter durablement la manière dont les marques se projettent dans leurs partenariats sportifs et dont elles envisagent leurs activations. Surfer sur le spectacle sportif dans une logique « d’entertainment » et de « fan expérience », c’est bien. Mais avoir quelque chose à dire au plus grand nombre, sur le rapport singulier, sincère, généreux, fructueux que la marque entretient avec le sport au service de sa « raison d’être » c’est mieux. Et ça évite de ne plus rien avoir à dire quand il n’y a plus de spectacle sportif ! Nous continuons donc de militer pour un rééquilibrage entre puissance et sens, entre entertainment et programme de fond. Au cœur de notre mission d’entreprise qui est de contribuer à la diffusion d’une culture sport dans la société française en mobilisant ses acteurs économiques. C’est sur cette transformation que nous travaillons.
3) Avez-vous pu observer des initiatives intéressantes dans le secteur sportif : en France et dans le monde ?
Bruno Bianzina : le monde du sport est particulièrement actif en matière d’initiatives. Deux types d’actions me parlent parce que je les crois vraiment solidaires et optimistes. Les premières actions sont toutes les initiatives de cours de sport en ligne qui incitent les gens à pratiquer une activité physique et sportive et les accompagnent tout en restant chez eux. Qu’il s’agisse de sportifs de haut niveau (je recommande particulièrement les vidéos de training ou de jeux parents / enfants de Sarah Ourahmoune), de coaches sportifs, d’influenceurs, de start-up ou de marques équipementiers, je trouve cet élan bourré d’énergie positive. Les autres actions nous ramènent à l’urgence du moment et concernent les nombreuses initiatives pour collecter des fonds pour nos soignants. A ce titre le mouvement #Tousenblanc (https://tousenblanc.org/ ) qui invite à donner à la Fondation de France est particulièrement pertinent car il montre que tous les acteurs de l’écosystème du sport (sportifs, institutions sportives, sponsors, agences, entreprises spécialisées…) sont capables de lever la tête et de rester lucide sur l’évaluation des véritables priorités.
4) Pouvez-vous nos dévoiler une bonne nouvelle concernant un ou plusieurs clients ?
Bruno Bianzina : les bonnes nouvelles sont assez rares en ce moment, mais nous avons trouvé le moyen de gagner une compétition d’agences à la fin du mois de mars. Certes le process était engagé bien en amont, mais je dois dire que partager cette nouvelle en interne nous a redonné beaucoup de force, et de foi, dans ce que nous faisons et dans la manière dont nous le faisons. Nous avons hâte de préparer cette nouvelle campagne et de la dévoiler probablement au mois de juin. Pour le reste, les meilleures nouvelles sont encore à venir.