Romain Rossignol (Adux) : « Nous sommes livrés aux mains du numérique »

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Résilience nationale ... Nous sommes dans la troisième semaine de confinement. CB News, comme vous, a intégré une certaine forme d'endurance. Nous continuons notre série débutée mardi 17 mars. Saison 3 avec le témoignage de Romain Rossignol, directeur général France du groupe de publicité digitale Adux.

Après la stupéfaction, comment va AdUx après ces 15 jours de confinement ?

Stupéfaction, en effet, face à cette situation exceptionnelle. Inédite. Humainement, comme le reste du monde, nous avons, tous, été touchés. Il a fallu essayer de comprendre ce qui nous tombait dessus. Prendre énormément de recul et cela, très rapidement. Il a fallu s’habituer à rester confinés pour le bien de tous. Puis, nous avons dû réorganiser nos quotidiens. Créer, non seulement une routine dans cet environnement mais surtout un lien avec ces personnes d’habitude, si familières. Nous avons dû composer, au plus vite et trouver “un temps pour tout” : échanger et travailler avec les équipes, la famille, le personnel... tout en s’assurant, à chaque seconde, que tout le monde va bien. Au bout de quelques jours, nous -en tant que collectivité, en tant que “famille ADUX” et avec le Groupe Azerion -avons trouvé notre rythme de croisière. Celui que le monde et surtout le marché nous ont imposé et non le contraire. C’est une situation intense. Certains d’entre nous ont été, assez violemment je dois le dire, touchés par ce virus...Nous ne déplorons aucun cas dramatique et c’est, réellement, ce qui compte.

Vos process, vos clients... Tout était à revoir ? Une gageure ?

Se réinventer, en si peu de temps et surtout dans de telles conditions, c’est évidemment un défi. Pour les entreprises, cela impose de repenser profondément le fonctionnement organisationnel, opérationnel, réglementaire et sanitaire. Cela signifie surtout de penser demain, dès aujourd’hui. De penser, plus que jamais, “solidaires”. Nous avons donc adapté nos process et ce davantage, encore, pour les équipes commerciales : des rendez-vous en visio-conférence. Plus du tout de couverture terrain, de contact physique. Nous sommes livrés aux mains du numérique, ce qui est, en somme, assez amusant. Paradoxalement, ce contact peut se révéler assez positif car l’interlocuteur est, finalement, plus attentif ; moins happé par les petites sollicitations extérieures du quotidien propre à notre présence physique au bureau. Nos clients ont aussi changé de manière assez radicale. Tout d’abord, en arrêtant toutes les communications. En évitant de surfer sur la crise, ou profiter de cette période. Tout a été, subitement, arrêté. Les agences et les annonceurs, de manière assez saine, n’ont pas voulu exploiter cette période pour se positionner en tant que “sauveurs”. Nous avons tous décidé de prendre le recul nécessaire. De ne pas nous précipiter dans une quelconque sorte de récupération ou intérêt. Puis, petit à petit, nous assistons à une mise en place d’actions solidaires, citoyennes, de la part des marques. De notre côté nous avons proposé des communications gracieuses pour les collectivités publiques nationales ou locales qui souhaitaient communiquer auprès des Français sur les mesures à prendre pour lutter contre l’épidémie.

Mesurez-vous d’ores et déjà l’impact financier d’une telle crise ?

Nous nous sommes rapidement préparés à absorber cette crise, avec la direction, et notre actionnaire Azerion. Évidemment, le véritable impact se mesurera à la fin de l’année. Nous continuons à travailler avec certains acteurs qui émergent, indispensables à la société. Nous pensons également, d’ores et déjà, à demain pour adapter, comme nous l’avons toujours fait, nos services et formats aux besoins du marché.

Quand et comment sortir par le haut d’une telle situation ? C’est quoi le monde d’après ?

Nous sommes tous dans un flou quasi opaque quant à la fin de cette situation. Quand ? Comment ? Sera-t-elle complète ou progressive ? Sous surveillance ou en totale liberté ? L’important sera, déjà, de reprendre une vie “normale”, dans la mesure du possible. Réapprendre à jouir des gestes “simples” du quotidien. Ensuite, les agences et les annonceurs devront continuer à communiquer, à parler à leurs communautés de manière transparente, solidaire, adaptée et dans la continuité de ce qui vient de se passer. J’espère qu’avec le recul, nous constaterons que cela aura permis à ce que les marques trouvent, plus que jamais, du sens dans leurs actions de communication. Le “monde d’après”, sera ... je l’espère meilleur. Plus que tout, que nous n’oublierons pas ce que certaines personnes ont fait pour nous et que nous leur donnerons encore plus de valeur et d’importance.

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