Olivier Altmann (Altmann+Pacreau) "notre boulot c'est arbitrer entre créativité et réactivité"
Résilience nationale ... Nous sommes dans la troisième semaine de confinement. CB News, comme vous, a intégré une certaine forme d'endurance. Nous continuons notre série, débutée mardi 17 mars, avec le témoignage de créatifs. Aujourd'hui celui d'Olivier Altmann, co-fondateur de Altmann+Pacreau.
1) Comment allez-vous à l'agence ? Et plus particulièrement à la création...
Olivier Altmann : pour l’instant tout le monde va bien et il y a une grande solidarité. Nous organisons des visioconférences régulièrement avec un « apéro-zoom » chaque soir à 18 heures pour maintenir le lien. Pour ceux qui ont des enfants en bas âge, le télétravail demande plus d’organisation car cette période est paradoxale : il y a moins d’activité (tournages annulés, campagnes reportées, compétitions en stand-by) et en même temps il faut pouvoir réagir très rapidement aux demandes de nos clients en étant encore plus pro-actifs. A la création, il faut savoir arbitrer entre créativité et réactivité et c’est un challenge permanent. Cela nous oblige à trouver des solutions malignes, productibles à distance, à moindre coût et dans des délais record. Nos clients l’ont bien intégré et sont également très solidaires et bienveillants. Jamais les idées ne se vendent aussi vite ! ;-)
2) Avez-vous une bonne nouvelle à partager ? De la part d'un de vos clients par exemple ?
Olivier Altmann : nous avons certains clients faisant partie des secteurs prioritaires pour l’économie : distribution, alimentation, banque et des fondations d’intérêt général qui sont en première ligne. Pour chaque annonceur nous essayons d’être utiles en faisant très attention d'adopter le ton juste. Il y a un grand besoin de communication interne également pour rassurer et féliciter ceux qui sont sur le pont. Dans les actions positives que nous venons de mener, une campagne d’appel aux dons « Tous unis contre le virus » pour la Fondation de France en partenariat avec l’AP-HP et l’institut Pasteur, conçue et produite en 48 heures. De simples applaudissements enregistrés sur les balcons, sur un fond blanc, avec des surimpressions qui incitent à soutenir aussi financièrement les soignants, la recherche, et les personnes vulnérables. Quand je vois que sur leur site, au 1er avril, ils en sont à 11 millions d’euros collectés, je me dis que notre modeste rôle de communicant peut sauver des vies. Ça vaut tous les prix à Cannes.
3) Déboussolées, les marques recommencent à prendre la parole : qu'avez vous noté de particulièrement malin et/ou créatif ? Chez vous à l'agence et ailleurs
Olivier Altmann : nous sommes en train de développer d’autres prises de paroles pour nos autres clients et sommes très vigilants à éviter toute action purement opportuniste qui pourrait paraître déplacée. Je pense qu’après cette crise on va pouvoir compiler des tas de campagnes qui « jouent » avec les consignes de distanciation sociale, de confinement, etc. Faisons attention à ne pas être hors sol par rapport au drame que vivent certaines familles et aux conditions de travail difficiles des personnels soignants, et bien d’autres d'ailleurs. Certes la publicité doit continuer à nous divertir, à nous faire sourire, encore plus dans cette période morose quand on est confiné chez soi. Mais elle se fera d’autant plus aimer du public qu’elle aura été utile durant cette période. A titre d’exemple j’ai été touché par le récent spot « Never Lost » conçu par Droga 5 pour promouvoir la plateforme d’entraide mondiale de Facebook. Au moment où les Etats-Unis entrent de plain-pied dans la crise sanitaire, le film délivre un message d’espoir et de solidarité internationale qui va à l’encontre des polémiques et des logiques politiciennes qui menacent de diviser nos sociétés. Un poème de Kate Tempest, quelques notes de piano sur des images générées par les internautes et au final une émotion positive à partager. Utile.
4) Si vous deviez expliquer en une phrase/un dessin cette situation à un martien dans quelques années, ce serait ....
Olivier Altmann : le moment où les humains ont pris conscience qu’ils n’étaient qu’une même espèce fragile dans un écosystème fragile. En espérant qu’on se le rappelle ensuite...