Victor Faubert (Rosapark) "quatre pitchs en cours"
Résilience nationale ... Nous sommes dans la troisième semaine de confinement. CB News, comme vous, a intégré une certaine forme d'endurance. Nous continuons notre série débutée, mardi 17 mars, Victor Faubert, head of new business de Rosapark.
1) Comment allez-vous à l'agence ?
Victor Faubert : comme partout, l’annonce du confinement a suscité pas mal d’inquiétudes : comment cela va-t-il se passer ? Est-ce qu’on va arriver à continuer à bosser ? Est-ce que je ne vais pas tourner en rond chez moi au bout de trois jours ? Etc. Mais, si j’en crois les nombreux échanges quotidiens que je peux avoir avec les gens de l’agence, tout le monde va bien et s’adapte au contexte. Force est de constater d’ailleurs que les gens font preuve d’une capacité de résilience et d’une adaptabilité assez impressionnante. L’agence continue de travailler sur le même rythme qu’avant le confinement. Les agendas sont toujours très remplis ce qui n’est au final pas plus mal : les journées passent d’autant plus vites L’agence et le groupe Havas sont aussi très présents depuis le départ pour s’assurer que tous les collaborateurs de l’agence sont dans les meilleures dispositions pour traverser cette période. Réunion hebdomadaire, newsletter dédiées, initiatives pour mieux vivre le confinement rythment aussi le quotidien. Néanmoins, comme partout, ou presque, le contact humain manque. Mais peut-être encore un peu plus chez Rosapark qu’ailleurs. Nous sommes 130 à l’agence, on se connait tous, on passe beaucoup de temps ensemble à l’agence mais aussi en dehors et même si les « Zoom d’agence » sont sympas, je pense que tous ceux qui en ont fait me rejoindront pour dire que ça a quand même ses limites. Et au final, je pense que beaucoup d’entre nous se sont surpris à se dire « J’ai vraiment hâte de revoir mes collègues ».
2) Pas facile de parler de new bizz...Et pourtant...
Victor Faubert : et pourtant la période n’empêche pas de faire avancer les pitchs. De notre côté, tout le monde est sur le pont y compris au Newbiz puisque nous avons 4 pitchs en cours. Même si nous avons bien conscience que tous les annonceurs ne sont peut-être pas en mesure de lancer un AO du fait de l’incertitude que génère cette période, nous restons convaincus que celles qui veulent le faire le peuvent. Si on y réfléchit bien, le Newbiz est sans doute l’un des métiers d’agence qui pâtit le moins de la période : pas de production, pas de shooting et la possibilité de travailler sur de nouveaux sujets comme en temps normal ou presque. Dans certains cas, mener à bien un AO en ce moment peut être un bon moyen de préparer l'après-Covid19 qui sera fondamental pour beaucoup de marques et il est donc important que nous soyons prêts à répondre aux sollicitations des marques si besoin. Parce qu’au final, en tant qu’agence, notre objectif reste le même : accompagner au mieux les marques que ce soit en étant plus que jamais aux côtés de nos clients ou en nous investissant toujours autant sur les AO pour préparer au mieux les mois à venir qui seront clés pour beaucoup.
3) Comment vous organisez-vous concrètement pour y arriver ? Pour réussir à se projeter ?
Victor Faubert : tout d’abord, nous avons la chance d’être une agence très sollicitée en Newbiz et nous n’avons pas à consacrer trop de temps à la partie « prospection » qui doit être plus difficile que jamais dans ce contexte. Comme je le disais, nous avons quatre pitchs en cours qui étaient pour la plupart lancés avant le début du confinement. Nous ne nous sommes même pas posés la question d’un possible report et encore moins d’une annulation et nous nous sommes tout de suite mis en ordre de marche pour continuer à faire avancer ces sujets. Rapidement, nous avons pu échanger avec les annonceurs concernés qui ont tous fait part de bienveillance et de souplesse en ajustant parfois les plannings pour permettre à eux comme à nous de gérer au mieux la phase de transition au moment de l’annonce du confinement. Au quotidien, hormis le fait de se voir physiquement, rien n’a changé ou presque : PC et PB ont lieu sur le même rythme et les réunions en visio nous permettent de faire avancer les sujets comme si nous étions à l’agence (on aurait même tendance à être parfois plus efficaces...). Au final, je pense que ce qui va être le plus compliqué à gérer pour les Newbiz des agences ce sont les soutenances qui vont se dérouler en visio. Je pense que tous mes alter ego au Newbiz des autres agences s’accorderont sur l’importance du « feeling » entre une équipe agence et une équipe marque. Et nous allons donc tous devoir redoubler d’efforts pour arriver à transmettre l’énergie et l’investissement que nous mettons dans ces sujets lors des présentations dans les semaines à venir.
4) Déboussolées, les marques recommencent à prendre la parole : qu'avez-vous noté de particulièrement créatif ? Chez vous à l'agence et ailleurs d'ailleurs ?
Victor Faubert : plus que jamais l’acte de création doit concerner la dimension servicielle des marques et l’utilité qu’elles peuvent avoir pour les gens dans ce contexte si particulier. Et là est tout le danger pour les marques : réussir à avoir assez de recul pour distinguer une fausse bonne idée opportuniste « gratuite » d’une vraie bonne idée qui améliorera le quotidien en confinement. Et ce n’est pas simple ! En à peine deux semaines plusieurs marques sont tombées dans le piège et se sont ainsi retrouvées sous le feu des critiques. A l’inverse, d’autres ont vite compris que l’enjeu était de se rendre utile pour les gens et que c’est cette utilité qui ferait parler d’eux. Plusieurs marques en France et ailleurs y sont parvenues mais en voici trois qui m’ont particulièrement marqué. Decathlon qui a mis à disposition d’une équipe de chercheurs italiens tous les éléments techniques de son masque Easybreath après que ceux-ci ont découvert qu’il pouvait être utilisé en salle de réanimation pour les patients atteints du Covid19. Je suis sûr que vous en avez entendu parler et que vous en avez même vu des photos et pourtant… mis à part un thread Twitter pédagogique sur le sujet, aucune communication sur le sujet. La démarche parle d’elle-même. Canal+ qui, dès les premiers jours du confinement, a annoncé qu’ils proposaient leurs programmes en clair pendant la durée du confinement. Alors que la chaîne aurait pu profiter de la période pour essayer de gagner de nouveaux abonnés ou aurait pu se limiter à proposer un abonnement à moindre coût (ce qui aurait sûrement fonctionné d’ailleurs), elle a fait un choix plus radical et plus altruiste… dont on parlera à coup sûr encore dans plusieurs mois. Meny, une chaîne de supermarchés danoise, a eu une idée brillante pour raisonner les achats de gel hydroalcoolique et faire en sorte qu’une majorité de gens puisse en acheter. La marque a tout simplement mis en place une opération promo un peu particulière dans tous ses magasins : « 1 flacon = 5,50€ // 2 flacons = 268€ ».
5) Si vous deviez expliquer en une phrase cette situation à un martien dans quelques années, ce serait ....
Victor Faubert : « Méfie-toi des pangolins… »