Coronavirus : contre les fake news, les Français font confiance aux médias
La France serait l'un des pays les plus défiants à l’égard de l’information durant cette crise du Covid-19, selon le Trust Barometer Edelman. Un moment de vérité pour les institutions, dont les réseaux sociaux n'en ressortent pas indemnes puisque 76 % des Français expriment leurs inquiétudes face aux « fake news » qu’ils relaient. Alors, comment trouver la bonne information et la bonne source, surtout lorsqu'on parle de santé ? Et de quelle façon les entreprises peuvent-elles lutter contre cette diffusion nuisible ?
La confiance envers le gouvernement est fortement corrélée à la proximité et à l’intensité de la crise. C'est le constat du dernier rapport « Trust and the Coronavirus », du Trust Barometer Edelman 2020, l'agence de conseil en stratégie et communication. Un contexte de crise sanitaire qui s’intensifie chaque jour et qui met à rude épreuve la légitimité des entreprises et des pouvoirs publics en matière de communication sur la santé et la prévention des publics. En effet, si la confiance des citoyens de chaque pays envers l’institution gouvernementale s’est amplifiée au fur et à mesure de prises de décisions pour endiguer l'épidémie, il est en revanche observé, une défiance croissante à l'égard des réseaux sociaux, due à leur capacité à propager des « fake news ». L’enjeu majeur de cette crise étant donc de trouver la bonne information auprès des bonnes sources. Les entreprises ont également un rôle à jouer, en privilégiant l’humain plutôt que le business.
Trouver la bonne information auprès de la bonne source
Dans le monde, 74 % des répondants expriment une forte inquiétude à l’égard des « fake news » (soit 10 points de plus au cours de cette crise que dans une situation normale), comme à l'égard de la qualité de l’information (près d’un répondant sur deux indique avoir eu des difficultés à trouver des informations fiables). Les répondants de chaque pays ont alors préféré placer en priorité leur confiance auprès des média traditionnels (64 % des répondants) afin de récupérer les informations qu’ils jugent nécessaires. En revanche, les Français sont 10 points derrière le reste du monde, en termes de confiance envers les grands médias nationaux (52 %). Néanmoins, ils les jugent comme la source d’information la plus fiable.
21% des Français font confiance aux réseaux sociaux
Quant aux réseaux sociaux, qui propagent rapidement les informations et les déforment, ils font l’objet d’une très forte défiance en France, par rapport aux autres pays. Seuls 21 % des Français leur font aujourd’hui confiance, contre 44 % en moyenne pour tous les marchés. Ainsi, les Français récompensent l’effort accompli par les médias nationaux qui ont choisi de porter une information factuelle et renseignée et qui savent/ ont su donner la parole à des voix crédibles. Des médias qui sont d'ailleurs au plus proche de l'actualité, proposant soit des contenus gratuits à leur lectorat, soit des éditions spéciales dans la presse magazine. Quant à la peur liée à la désinformation de la population, bon nombre de plateformes se mettent à lutter contre (Facebook, par exemple).
Les scientifiques et les organisations nationales pointés du doigt
De très loin, les experts scientifiques, médecins et organisations nationales de santé sont considérées comme des figures majeures de la confiance face à la crise (entre 7 et 8 répondants minimum leur accordent leur confiance dans le monde). Cela au détriment des réseaux sociaux qui contribuent à diffuser des « fake news ». Au-delà des médias, l’étude observe également un fort scepticisme à l’égard du discours public en France, notamment quelques jours avant les annonces de mesures de confinement. En France, 6 répondants sur 10 pensent que certains aggravent la situation pour des raisons politiques.
Dans ce contexte, les Français semblent vouloir prioritairement se fier à leur médecin (81 %) ou aux scientifiques (80 %) plutôt qu’aux membres du gouvernement (37 % de confiance). Le message est donc clair à l’encontre des médias et du gouvernement, mais qu’en est-il des entreprises ? La réponse est simple : les Français attendent beaucoup d'elles et surtout, qu'elles donnent la priorité aux « personnes », à l'humain avant le business.
La responsabilité est aux employeurs
Ce sont ainsi 73 % des répondants sur l'Hexagone, qui estiment que les entreprises ont la responsabilité de protéger leurs employés et de faire en sorte que ces derniers ne diffusent pas le virus. Des sondés qui attentent de la part de leurs employeur qu'ils les informent et les accompagnent et s'engagent à apporter des réponses concrètes pour maintenir une bonne organisation des équipes et un climat de sérénité. Ces derniers estiment ainsi qu'il est de leur ressort de proposer des communications claires sur la façon dont les employés peuvent éviter le virus (56 %), des actions concrètes de l’entreprise contre le virus (51 %) mais aussi de faire un état des lieux réguliers de l’avancée du virus dans l’entreprise (49 %). Une majorité de salariés français estime également que son employeur doit agir de façon responsable et efficace face à la crise du coronavirus (57 % en France vs 60 % en moyenne).
Enfin, les entreprises doivent protéger les employés et plus largement, protéger les territoires et des communautés dans lesquelles ils opèrent, notamment en adaptant leurs politiques RH (73 % des répondants expriment cette attente). Autre point : celui de démontrer l'utilité sociale, en mettant en place des mesures pour limiter la propagation du virus (79 % des répondants). L'idée étant par exemple d'impliquer la supply chain, à l’image d’initiatives prises par LVMH, qui a pris la décision récente de produire du gel hydroalcoolique, sinon Link Media qui a décidé de verser des fonds à la Recherche. Dernier point mentionné par les sondés : que les entreprises coopèrent avec le gouvernement car en France, seuls 17 % pensent que le gouvernement peut seul répondre à la crise. Un niveau de confiance qui double (à 34 %) lorsque l’on évoque une coopération du gouvernement avec les entreprises.
Dans les autres pays, la tendance est également confirmée quant aux mesures à prendre au sein de l'entreprise.
À noter qu'il y a un effet multiplicateur de la coalition public/privé. Et c’est là où se trouve la solution, selon les propos de Marion Darrieutort, présidente d’Elan Edelman : « Comme dans toute crise, et plus encore celle que nous vivons actuellement par sa dimension extraordinaire, celle-ci apparaît comme un moment de vérité. Nous sommes entrés dans un moment des essentiels. Les citoyens attendent des dirigeants qu’ils soient politique ou économique, qu’ils apportent des réponses claires et opérationnelles sur les éléments
fondamentaux de la vie en société. Une gageure dans un environnement qui se caractérise par une incertitude profonde. Mais, les décisions prises aujourd’hui forgent la confiance future. Les résultats de cette étude spéciale du Trust Barometer Edelman doivent nous guider. Avec une priorité donnée à la mobilisation conjointe des efforts, à la coopération. »
Méthodologie : Etude conçue par l’agence de recherche Edelman Intelligence, administrée en ligne auprès d’un échantillon global de 10.000 répondants à travers 10 pays dans le monde (Italie, Brésil, Corée du Sud, Afrique du Sud, Japon, Canada, UK, US, France, Allemagne) et menée sur le terrain entre le 6 mars et le 10 mars 2020. Dans chaque pays, 1000 répondants appartenant à la population générale et âgés de 18 ans et plus sont interrogés. Ils respectent la répartition par région, âge et sexe représentative de leur marché, ce qui signifie que chaque résultat par marché est représentatif de l’opinion générale dans le pays.
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