Les fleurs de la colère
Est-ce un effet collatéral du dérèglement climatique ? Le fait est que le taux d’agressivité générale de la parole publique a atteint des niveaux jamais vus depuis des décennies, si ce n’est des siècles. Bien sûr on connaît les stars du secteur, les Trump, Bolsonaro et autres Salvini qui insultent leurs adversaires et même leurs alliés avec une aisance confondante, maniant le langage de cours de récréation comme un grand de CM2. Mais ce qui est frappant, c’est que cette "mode" s’étend maintenant à d’autres couches de la société. Prenez Mark Zuckerberg, oui le gamin au sourire timide qui faisait les craquer les médias quand il changeait gentiment le monde à coup de pouce levé. Le voilà qui se dit prêt à monter sur le ring et à démolir de ses poings ceux qui auraient l’intention de démanteler Facebook. Remarquez, on le comprend, il a mis 15 ans à dominer le monde et voilà que des envieux veulent lui casser son jouet, on s’énerverait à moins. D’autant que ces derniers temps, tout le monde cherche à lui mettre des bâtons dans les roues. Il veut faire une cryptomonnaie ? On lui tombe dessus, il achète une boîte spécialisée, dans la transmission neuronale ? On l’accuse de vouloir manipuler nos cerveaux (comment ça, c’est déjà fait ?). Franchement, il y a de quoi perdre son sang-froid. Cela dit, cette poussée de fièvre générale n’est peut-être pas due à l’afflux de CO² dans le cerveau. L’autre jour je suis tombé sur un article qui relatait une théorie scientifique selon laquelle le comportement particulièrement agressif des Vikings au XIIIe siècle était dû à une fleur. La jusquiame noire, connue pour provoquer des comportements colériques, "qui peuvent aller de l’agitation à la rage et la combativité", pourrait expliquer la folie meurtrière de ces guerriers qui, dit-on, en faisaient un peu trop sur les champs de bataille. Une petite inspection des jardins de nos dirigeants s'impose. Allez savoir? S'il suffisait d'arracher quelques fleurs pour calmer la folie de ce monde...