Changer le monde ?
Cette semaine, je suis allé à la Cannes Academy. Oh, ne soyez pas envieux, c’est une soirée ouverte à tous. Et d’ailleurs tout le monde y était. Tous pour découvrir une restitution et analyses des derniers Lions. Instructif, très bien organisé, merveilleusement présenté. Rien à dire. Enfin si. Il y a quand même un truc qui m’a chiffonné. Un Grand Prix attribué à une campagne baptisée "The Last Ever Issue". L’idée était de lutter contre les stéréotypes sexistes en Pologne en rachetant un magazine populaire et vulgaire qui mettait une femme nue à la Une depuis des années et tapissait ses pages de photos du même genre. Une fois racheté, les initiateurs de l’opération ont profondément changé le journal pour un numéro. Ils en ont fait l’exact contraire en publiant des photos et des témoignages de "vraies" femmes, allant contre les clichés (dans tous les sens du terme) du genre. Et puis, ils ont fermé le journal. Hop, fini, terminé. Eh, les gars, on n’a pas un gros souci, là ? On se glorifie de fermer un journal parce qu’il ne correspond pas à l’idée qu’on se fait de la société ? Un annonceur et une agence s’arrogent le droit de vie et surtout de mort sur un magazine, fut-il vulgaire, sexiste et déplacé. C’est pousser le For Good un peu loin, non ? Parce qu’après le sexe, on peut continuer avec des tas de choses qui ne plaisent pas. Avec des tas de journaux qui ne sont pas corrects ? En plus ça ne coûte pas bien cher, vue la santé de la presse ces derniers temps. La catégorie dans laquelle cette campagne a gagné s’appelle "Glass : The Lion for Change" et elle est censée primer les initiatives qui changent le monde. Pas sûr d’apprécier ce monde-là.