L'effet de l'étincelle
Il y a des semaines comme ça. Tu te prépares à écrire un édito sur la modernité du marché publicitaire et commenter le rachat — pour une somme faramineuse — d’une boîte de tech marketing programmatique par un groupe de pub. Et puis non. Il suffit qu’une charpente en vénérable chêne s’enflamme dans le ciel de Paris pour que le monde entier tourne les yeux vers ce spectacle. Lundi soir les réseaux sociaux se sont convertis en quelques minutes en galerie de photos terrifiantes et spectaculaires des flamme dévorant Notre Dame sur fond de ciel couchant. Le drame historique est devenu instantanément un événement graphique. Ceux qui y étaient ont photographié, filmé et partagé pour ceux qui n’y étaient pas, lesquels ont à leur tour partagé pour ceux qui n'y étaient pas et ne savaient pas. Un phénomène de propagation plus rapide encore que celui du feu dans la forêt de la cathédrale, certes moins destructeur, qui nous montre à quel point notre monde ultra-accro aux technos peut se figer, l’espace de quelques heures devant accident de l’histoire. Une façon de nous rappeler que les constructions humaines les plus anciennes, les plus sophistiquées, les plus belles ou les plus grandes ne sont pas à l’abri d’une étincelle.