Alain Weill prend le contrôle de L’Express
Alain Weill, le PDG d'Altice France, va prendre le contrôle (51%) à titre personnel via sa société News Participation de l'hebdomadaire L'Express, racheté en 2015 par le groupe de Patrick Drahi, qui conservera une participation minoritaire dans le magazine, ont-ils annoncé mardi dans un communiqué. M. Weill, bras droit de Patrick Drahi dans l'Hexagone et homme de médias (il a racheté RMC et lancé BFMTV avant de revendre son entreprise NextRadioTV à Altice), veut mettre en œuvre un "projet de transformation" pour ramener l'hebdomadaire, lourdement déficitaire, à l'équilibre dès 2020. Cela passera par une refonte en profondeur, éditoriale et commerciale, et un plan d'économies incluant la suppression d'une quarantaine de postes, sur un total de 180 salariés (dont 127 journalistes). Cette réduction des effectifs devrait s'effectuer principalement via l'ouverture d'une clause de cession, qui permettra des départs volontaires dans la rédaction. "C'est un projet radical, je ne vais pas dire que c'est celui de la dernière chance, mais il faut prendre le taureau par les cornes", a assuré M. Weill lors d'un point presse. L'hebdomadaire, a-t-il précisé, a perdu 10 millions d'euros l'an dernier, soit le quart de son chiffre d'affaires, et a vu ses ventes chuter de 40% en 4 ans. Il affiche une Diffusion France payée (DFP) 2017-2018 en baisse de 13,51%, à 256 994 exemplaires (source ACPM-OJD). Mais ses ventes numériques commencent à décoller, avec 23.000 abonnés fin 2018. Disant vouloir s'inspirer du redressement réussi de la radio RMC, qu'il avait rachetée il y a dix ans alors qu'elle était moribonde, le dirigeant, qui conservera ses fonctions chez Altice, a dit vouloir "revenir aux fondamentaux" de L'Express. Alors que sa mission d'origine était de "dire aux Français la vérité pour qu'ils obligent la société à se transformer", il veut doter L'Express d'une nouvelle ligne éditoriale consistant à "porter le débat pour que les Français transforment la France".
Une nouvelle formule cet été
Il s'agit pour le dirigeant d'"identifier les nouvelles idées et tendances qui contribuent au changement", et de défendre dans un même souffle "les libertés individuelles et l'intérêt général", sans en faire, promet-il, l'organe d'un camp politique ou d'un candidat. Il veut en outre rendre L'Express plus cohérent et lisible : rubriques identiques dans les versions papier et numérique, parution déplacée au vendredi (au lieu du mercredi), et pagination diminuée pour réduire les coûts, mais avec une maquette plus dense. La nouvelle formule devrait sortir cet été. Les tarifs seront révisés au passage, et avec un prix identique quel que soit le support (papier, numérique ou les deux). En outre, la stratégie en ligne sera repensée, avec plus de contenus exclusifs pour les abonnés, et des émissions audio et vidéo. M. Weill prévoit d'investir avec Altice "une vingtaine de millions d'euros" pour couvrir les pertes jusqu'au retour à l'équilibre, hors investissements dans la réorganisation et la relance.
Philippe Jannet ne devrait pas rester
M. Weill sera par ailleurs nommé président de l’Express et directeur de la publication pour « intervenir au plus proche des équipes et du projet », selon le communiqué. Il sera accompagné dans ce projet par Clément Delpirou, qui conserve également son rôle et son titre de co-gérant chez Libération, ainsi que d’une direction de la rédaction et d’un comité éditorial qui seront nommés « dans les prochains mois ». Le nom de Philippe Jannet, proposé par Altice, avait été rejeté l'an dernier à une large majorité par les journalistes de l'hebdomadaire, certains lui reprochant sa proximité avec La République en Marche. Nommé depuis directeur général délégué de L'Express, l'intéressé va quitter L'Express. (avec l’AFP)