Regards sur la Start-up Nation (suite)
Suite de notre reportage à Tel-Aviv, une ville où le pépites numériques croissent et se multiplient en attendant de conquérir la planète.
Chapitre 2 : Un monde trop petit
"Nous sommes neuf millions d’habitants, autrement dit, il n’y a pas de marché intérieur en Israël", explique Enon Landenberg, ex-patron de Publicis Israel, fondateur de Dreamer & Doers et porte-parole de Space IL, une organisation qui se donne pour mission d’envoyer une sorte de drone sur la lune. La taille du pays, ajoutée au fait qu’il se situe dans un environnement peu propice au commerce régional pousse les entrepreneurs locaux à penser grand dès la conception de leurs projets."Je suis un gars du désert qui vend des choses à Microsoft", s’amuse ainsi Uri Admon, fondateur de Captain Up. Et l’on pourrait multiplier les citations identiques tellement la nécessité de penser plus large que les frontières est ancrée dans la mentalité des entrepreneurs israéliens. Le tissu économique est propice à ce développement, ce qui a permis l’éclosion de pas moins de 5 000 start-up dans le pays. "Il a trois éléments ici qui favorisent la création des start-up : la puissance technologique, le business traditionnel et le développement de technologies de niches", explique Philippe Guez, un banquier qui a fait une bonne partie de sa carrière en France avant de créer il y a un an avec son associé Eric Etalouf et la banque Rothschild Maor 1, un fond doté de 150 millions de dollars dédiés à l’adtech.
Le paysage technologique regorge il est vrai de robots et de machines animées par l’IA. Qu’il s’agisse d’Albert (en référence naturellement à Einstein), qui assure toutes les tâches fastidieuses et répétitives en agence (achat, optimisation, planification, reporting etc.), de Dynamic Yield, qui gère et optimise les sites de e-commerce ou de Cyabra, robot capable de détecter les fake news, l’imagination ne manque pas aux créateurs de Tel Aviv. Mais quel que soit leur âge, leurs ambitions, l’état d’avancement de leurs projets, c’est à l’échelle mondiale qu’ils envisagent de développer leurs entreprises.
Ils sont aidés dans cette ambition par les plus grandes sociétés mondiales qui les couvent d’autant plus volontiers qu’elles espèrent toute dénicher la pépite qui fera leur fortune. Le pays compte ainsi une centaine de VC (venture capital) et 120 incubateurs et accélérateurs. C’est ainsi que sur le boulevard Rothschild, cœur de la tech de Tel-Aviv, Coca Cola, Turner et Mercedes-Benz finance The Bridge. Cet accélérateur investit 250 000 dollars dans une dizaine de sociétés pour leur permettre d’attendre cette fameuse taille mondiale. "Nous ne leur apportons pas seulement de l’argent mais aussi une capacité à se mettre en scène, à faire du story telling pour se présenter au monde", explique Gabby Czertok, le fondateur de cet accélérateur. Des sociétés comme Emaze, (génération de site à partir des médias sociaux), Be Personal (automation marketing) ou Toya, qui se donne pour mission de favoriser le développement des femmes dans l’univers numérique à travers le jeu vidéo, profite ainsi de l’aide de The Bridge. Multiples, très avancées technologiquement, soutenue par un écosystème solide, les start-up israéliennes essaiment avec efficacité le monde numérique. Un développement qui n’a pas échappé aux Gafa…
À suivre…
Ce Learning Trek a été initié par l’UDA en partenariat avec Media. figaro et Teads, More Than Digital, la société de Valérie Zarka ayant été chargée de la production. Qu’ils en soient tous remerciés.