France Télévisions : une nouvelle saison, en attendant la réforme de l’audiovisuel public
Une nouvelle saison « optimiste » et « tournée vers l’avenir » selon la présidente de France Télévisions Delphine Ernotte Cunci qui inaugurait jeudi le grand bal des conférences de presse des programmes de rentrée des médias. Pour la saison 2018-2019, l’audiovisuel public est « plus indispensable que jamais » à l’heure où il « nous faut être un média citoyen » et où le « numérique devra passer de la périphérie au centre de nos offres », a-t-elle plaidé. Une quatrième rentrée pour Mme Ernotte Cunci ainsi placée sous le signe de la culture et de la connaissance, « nos priorités cette saison », mais aussi sous le sceau de l’engagement dans deux grandes causes : la défense de l’environnement et les droits des enfants. Avec le lancement, « fin septembre », d’une grande consultation citoyenne baptisée « Ma Télé », le groupe compte ainsi prendre plus que jamais en compte les avis/envies de ses téléspectateurs pour être à l’écoute et « s’affirmer encore un peu plus de service public ».
Alors, côté programmes ? « Il n’y aura aucun doublon de genre chaque soir sur l’ensemble de nos chaines », assure Takis Candilis, directeur général délégué à l'antenne et aux programmes. Les nouveautés sont à chercher notamment du côté de Stéphane Bern qui proposera en octobre « Mag Hebdo », d’Anne-Sophie Lapix qui fera renaitre de ses cendres « Le Grand Échiquier » de feu Jacques Chancel ou encore de Laurent Ruquier pour « Le grand oral » et une émission quotidienne musicale en lieu et place d’Alcaline : « Basique, l’essentiel de la musique ». Mais France Télévisions mettra également l’accent sur le documentaire (1 600 heures) avec, pêle-mêle, « Histoire d’une nation, être Français de 1870 à nos jours », le retour de l’emblématique « Apocalypse, la paix impossible » cette fois sur la période 1918-1926, « La France de la Grande Guerre » qui inaugurera sur les antennes du groupe un procédé de photo-fiction ou encore « Céline Cousteau, l’aventure continue » qui permettra à la petite-fille du plus célèbre des marins au bonnet rouge de poursuivre les combats de son grand-père pour la sauvegarde des espèces/espaces… Quant aux fictions, « 140 soirées inédites », se réjouit M. Candilis, place sur France 2 à des séries de 6x52 mn (« Philarmonia », « À l’intérieur », « La dernière vague » …) mais aussi à la très attendue adaptation du roman de Jean-Christophe Grangé, « Les rivières pourpres » (8x52 mn), tandis que France 3 proposera « Aux animaux la guerre », « La révolte des innocents » ou « Alexandra Ehle » avec Julie Depardieu dans le rôle-titre, celui d’une médecin-légiste-enquêteuse… Sur la chaine, les téléspectateurs pourront également découvrir 6 nouveaux magazines culturels mensuels en région (Pays de la Loire, Bretagne, Centre Val de Loire, Nouvelle Aquitaine, Paris et Corse) et une série de documentaires réalisés par Patrice Leconte : « Les boutiques obscures ».
Série d’expérimentations entre France 3 et France Bleu
A Toulouse et Nice, France 3 et France Bleu (Radio France) vont en outre expérimenter « avant la fin de l’année », explique Olivier Montels, directeur délégué de France 3 chargé du réseau régional, la mise en images des émissions matinales de France Bleu Occitanie sur l’antenne de France 3 Midi-Pyrénées, et de France Bleu Azur sur France 3 Côte d’Azur, entre 7h et 9h. Toujours dans la perspective d’échanges entre France 3 et France Bleu, deux zones « laboratoire » ont été choisies « pour inventer des projets communs » : la Bretagne et le Nord-Pas-de-Calais. Sur le web, France 3 et France Bleu vont « s’allier et pas fusionner », insiste-t-il, pour renforcer l’offre d’information de franceinfo… Enfin, le 11 septembre prochain, à 19h20, sera lancée une chaine 100% régionale 24/24 en Nouvelle Aquitaine qui s’appellera France 3 Noa, et sera accessible sur les box et sur le web. Elle s’appuiera sur l’ensemble des offres de programmes et d’informations des stations de Bordeaux, Limoges et Poitiers. Elle aura également des contenus propres qui seront réalisés avec les moyens du numériques. C’est une chaine qui sera là aussi « un laboratoire », souligne le dirigeant.
Pour l’info, les JT de France 2 et France 3 mettent en place de nouveaux rendez-vous. Ainsi, « Bien à vous » mettra-t-il en avant en un maximum de 4 mn des initiatives innovantes dans le 13h de France 2 alors que « Intelligence artificielle », sur les grandes tendances de l’AI, fera son apparition dans le Soir 3. Pendant le JT de 20h, en semaine, une séquence baptisée « Dans la tête de… » interrogera une personnalité. La météo connaitra quant à elle un nouvel habillage avec pas moins de 80 nouvelles créations… Puis, indique Yannick Letranchant, directeur exécutif chargé de l’information du groupe, « nous réfléchissons actuellement avec Laurent Delahousse à un programme le samedi ».
Un plan de départs contraints est « exclu »
Par ailleurs, lors de cette conférence de rentrée, Delphine Ernotte Cunci a exclu de procéder à des départs contraints pour réaliser les économies budgétaires imposées au groupe par le gouvernement à l'audiovisuel public, mais sans écarter un éventuel plan de départs volontaires. Interrogée, elle a rappelé que le groupe devrait réaliser 160 millions d'économies à l'horizon 2022, comme annoncé début juillet par le ministère de la Culture. Chiffrer à ce stade l'impact de ces économies au niveau social est "totalement prématuré", mais "la seule chose qui est sûre, c'est qu'un plan qui serait contraint est exclu. Pour le reste, il y a des tas d'ingénieries sociales possibles et tout cela est à discuter", a-t-elle répondu. "Ce sont des chiffres exigeants, je ne le cache pas, mais faisables. On n'en est pas à la première session d'économies, cela fait aussi des années que l'entreprise fait des économies", a-t-elle par ailleurs rappelé, soulignant que le groupe avait notamment réduit ses coûts de fonctionnement, y compris en négociant avec ses producteurs de programmes. « Les producteurs ont fait des efforts », s’est-elle félicitée. "Les effectifs nous les baissons tous les ans, on continue d'ailleurs en 2018 à travailler un peu différemment pour les faire baisser. Je ne suis pas en train de vous dire que ça va s'arrêter, ni de vous annoncer un grand plan, les décisions vont se faire sujet par sujet et réforme par réforme, évidemment dans le respect du dialogue social", a-t-elle ajouté. Le gouvernement a annoncé au début de l'été que les groupes de l'audiovisuel public devraient réaliser 190 millions d'euros d'économies d'ici à 2022, dont l'essentiel -160 millions- est réclamé à France Télévisions, qui devra en outre supprimer deux chaînes de la TNT : France 4 et France Ô. En incluant la hausse mécanique des charges et les investissements supplémentaires de 100 millions d'euros dans le numérique demandés par l'Etat, cela représente en tout un effort financier de 400 millions d'euros à fournir par France Télévisions d'ici 2022, sur un budget total de 2,8 milliards d'euros en 2018 (recettes commerciales comprises). Les effectifs du groupe, qui ont diminué d'environ 800 postes depuis 2012, ressortaient à 9.840 équivalents temps plein fin 2017. Enfin, Mme Ernotte Cunci a indiqué qu’à la « fin de l’année » serait finalisée et annoncée la réorganisation en mode « transversal » du groupe France Télévisions et que « tout sera fait » pour obtenir les droits TV des futurs Jeux olympiques qui se dérouleront en 2024 à Paris.