Des fissures (et de l’art de les réparer)
Drôles de temps. Dans la même semaine, on se bat contre les fausses nouvelles et on ne sait pas défendre le droit d’auteur. D’un côté les députés français adoptent un texte dont on n’est pas certain de l’utilité pour lutter contre des fake news qui pullulent et polluent, de l’autre les députés européens rejettent un texte permettant aux ayants droit d’avoir un minimum de contrôle de leur travail sur les plateformes de partage. Attention, aucun antiparlementarisme dans ce commentaire. Pas en ces jours où nous avons perdu un Juste, Claude Lanzmann, infatigable gardien de la mémoire d’un temps qui fut victime du rejet des valeurs de la République. Les élus du peuple font leur travail avec ardeur et conviction. Mais ils sont dépassés. Comme toutes les institutions, par l’évolution technologique. Comment faire face aux diffuseurs de mensonges qui se cachent derrière de fausses adresses et autres pseudos (signe de leur grand courage, on le remarquera) pour essayer de déstabiliser ? Comment faire pour les repérer et les empêcher d’agir sans toucher à notre fragile et indispensable liberté de la presse ? Comment faire pour protéger du vol du fruit du travail, les artistes, les journalistes et les producteurs de contenus, sans toucher là encore à la liberté d’expression et de diffusion ? Aucune réponse évidente mais une attention extrême au sujet. Car ce sont ces petites fissures qui fragilisent une démocratie. Et nous voyons chaque jour tout autour de nous que rien de ce qui est acquis en la matière n’est éternel.