Logique et rhétorique
Voilà un métier que je ne voudrais pas faire : dircom d’un grand groupe historique de communication. C’est qu’il faut de l’imagination, du talent dans l’antiphrase, la prétérition, l’ironie et j’en passe. Tu dis le contraire de ce que tu veux dire mais tout le monde comprend ce que tu veux dire (tu me suis ?). Dans la même semaine on a ainsi appris que WPP n’avait aucun projet de démantèlement — ce qui veut au moins dire que l’hypothèse a été sérieusement envisagée – et que Lagardère se recentrait sur l’édition et le « travel retail » (la bibliothèque de gare, comme on disait au XIXe siècle quand le groupe Hachette a été créé). Dit plus clairement, que ce n’est plus un groupe de média. Bon, ça, on s’en doutait un peu, à voir l’application avec laquelle le patron du groupe en question s’est délesté de tout ce dont il avait hérité. Et le triste état de ce qui n’est pas encore vendu laisse supposer que ce sera fait un jour ou l’autre. Comme ça, ce sera réglé. Tous ces vieux machins en papiers invendables seront à la poubelle et on pourra faire du business en vendant des livres et en distribuant des journaux. Aucune erreur dans la phrase précédente, c’est bien la logique qui a présidé au démantèlement du premier groupe de presse magazine du monde. On ne va pas pleurer hein? On notera au passage le silence remarquable des pouvoirs publics. Mais tout ça, c’est tellement XXe siècle, tellement poussiéreux, tous ces contenus, ces marques, ce savoir-faire éditorial. À quoi cela pourrait-il bien servir dans notre beau monde numérique ?