Droits d’auteur : les plateformes ne reversent que des miettes
Les collectes mondiales de droits d'auteur ont atteint un montant record de 9,2 milliards d'euros en 2016, selon le rapport annuel publié mercredi par la Confédération internationale des sociétés d'auteurs et compositeurs (Cisac), qui pointe toutefois la faiblesse des rétributions de YouTube. Les droits d'auteur ont ainsi augmenté de 6% l'an dernier par rapport à 2015, selon la Cisac, qui regroupe 239 sociétés d'auteurs dans 121 pays, soit 4 millions de créateurs pour la télévision, la radio, la musique de fond, la musique live, le numérique, la copie privée et autres. Le secteur musical concentre la part la plus importante, puisque les auteurs-compositeurs, compositeurs et éditeurs de musique ont vu les collectes augmenter de 6,8% et atteindre 8 milliards d'euros. Malgré une hausse spectaculaire de 52%, les revenus numériques ne sont que la troisième source des droits musicaux, soit à peine moins d'un milliard d'euros (945 millions), loin derrière les "TV & radios" (3,4 milliards) qui accusent pourtant un recul de 2% par rapport à l'année précédente, et la catégorie "Direct (Live) & ambiance" (2,5 mds), en hausse de 2,6%. Tous types d'utilisation confondus, le numérique apparaît là aussi comme le moteur de la croissance mondiale, ses droits ayant augmenté de 51,4%. Pourtant, cela ne représente que 10,4% du total des collectes, soit 948 millions d'euros, "le développement de ce secteur étant notamment freiné par les faibles montants versés par les plateformes vidéo collaboratives en streaming", cible le rapport. "Malgré leur croissance, ces chiffres restent bien loin du niveau qu'ils devraient atteindre. Les secteurs majeurs qui exploitent les contenus créatifs dévalorisent notre travail", estime le compositeur Jean-Michel Jarre, président de la Cisac, cité dans un communiqué. Selon le pionnier français de la musique électronique, "le transfert de la valeur illustre parfaitement ce phénomène sur le marché digital, où des plateformes telles que YouTube ne reversent que des miettes aux auteurs". YouTube, plateforme gratuite, propriété de Google, revendique un milliard d'utilisateurs, tandis que Spotify, leader mondial du streaming payant, affirme avoir 60 millions d'abonnés payants (et 140 utilisateurs gratuits). "À l'heure actuelle, réclamer aux gouvernements une solution au transfert de la valeur est une priorité absolue", conclut Jean-Michel Jarre.