Marchand de sable
Dans l’une de ses rares prises de parole publiques, Patrick Drahi ironisait sur le fait qu’il dormait mieux aujourd’hui avec plus de 50 milliards d’euros de dettes qu’au début de sa carrière, quand il ne devait que quelques centaines de milliers de francs à sa banque. On le comprend. Les troubles du sommeil doivent être plutôt du côté de ses créanciers. Si l’on se souvient que lorsque Jean-Marie Messier a quitté la présidence de Vivendi en 2003 pour n’avoir su maîtriser les finances du groupe, celui-ci affichait une dette de "seulement" 23 milliards d’euros, on peut comprendre que certains gardent les yeux grands ouverts toute la nuit. Évidemment, diront les spécialistes, les temps ont changé, l’argent ne coûte rien de nos jours et le développement d’un groupe multimédia mondial ne se fait pas avec des cacahuètes. Certes. Et d’ailleurs, il est plus que jamais crucial qu’Altice réussisse son entreprise car cet ensemble est aujourd’hui tellement grand et implique tellement d’intérêts, singulièrement en France, que sa chute serait une catastrophe beaucoup plus importante qu’une question de sommeil. Nous n’en sommes pas là. Mais il est à espérer que les changements opérés cette semaine dans le management du groupe permettront de redresser la situation. En se souvenant d’un proverbe boursier aussi vieux que le Palais Brongniart : "les arbres ne montent pas au ciel". Même en rêve.