Ci-gît la RNT
Hier, en fin de matinée, la décision du gouvernement est tombée. Il a décidé de ne pas préempter de fréquences de RNT (Radio Numérique Terrestre) pour Radio France. Avec cette décision, le gouvernement enterre tout simplement l'idée même de RNT puisque ni Radio France, ni les Radios Privées comme RTL, Europe 1, ou RMC ne sont parties prenantes dans le projet. Cette décision n'est pas très étonnante puisque David Kessler - conseiller médias de François Hollande depuis mai - avait déjà préconisé dans un rapport en 2010 un "moratoire sur la RNT. Faute de modèle économique réellement défini".
De plus, en juillet, le Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA) avait souligné qu'il attendait la position du gouvernement sur le dossier RNT avant de lancer de nouveaux appels à candidatures, dans 20 autres agglomérations. "Ces appels à candidature s'inscrivent dans un environnement économique et technologique très incertain, sans que les expériences conduites dans d'autres pays européens permettent de lever ces incertitudes", souligne le ministère de la Culture et de la Communication. "En particulier, le lancement à grande échelle de la RNT engendrerait des surcoûts significatifs pour les radios publiques, liés à la nécessité devant laquelle elles se trouveraient de diffuser à la fois en modulation de fréquences et en numérique", ajoute le communiqué. Le gouvernement a "donc pris la décision de ne pas demander l'attribution de la ressource radioélectrique pour la diffusion des services de Radio France et Radio France Internationale dans le cadre des appels à candidatures lancés par le CSA sur les zones de Paris, Nice et Marseille", écrit le ministère dans sa justification. De leur côté, les Indépendants, via le SIRTI ont déploré cette décision, mais se refuse à croire à "un enterrement". Le SIRTI estime que la décision du Gouvernement ne saurait être interprétée comme "l'enterrement" de la RNT pour tous, mais comme une conséquence de l'usage de son droit d'inventaire vis-à-vis du bilan du CSA". En effet, pour le SIRTI c'est bel et bien le CSA qui est "le premier responsable de cette situation, l'autorité de régulation ne s'étant jamais résolue à appliquer la loi votée depuis 2007 parce que la RNT déplaisait à quelques groupes privés désireux de profiter de leurs positions dominantes sur les fréquences FM que le CSA renforçait attribution après attribution". Quoiqu'il en soit cette décision pose deux questions. D'abord, les radios privées qui furent à l'origine très pro RNT, se défilent finalement sous un prétexte économique qui est plutôt une peur de voir de nouveaux entrants arriver pour grignoter leur gâteau publicitaire. Cela interroge aussi sur le fait que le paysage radio ne bougera pas. Et de l'immobilisme à la sclérose, il n'y a souvent qu'un pas.