France Télévisions bouscule ses têtes d'affiche pour sa grille de rentrée

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(© Thierry Wojciak/CBNews)

Comme en 2022, c’est dans l’antre de la Nef Nord de la Grande Halle de la Villette que le groupe France Télévisions avait donné rendez-vous mardi aux stars de ses antennes (et à la presse) pour la présentation de sa grille de rentrée 2023-2024. Avec pour point d’orgue les JO de Paris 2024, la nouvelle saison s’annonce dense et ambitieuse, conséquence aussi d’un mercato audiovisuel particulièrement agité. Mais pas seulement.

Car l’information aura son mot à dire. « Nous sommes partout où d’autres ne sont pas, l’information sera au service de tous les Français », souligne ainsi Alexandre Kara, directeur de l’information du groupe. Et face à la fatigue informationnelle et même à la défiance auxquelles doivent faire face les rédactions, la nouvelle saison affiche ses quatre priorités : la jeunesse, l’urgence climatique, la proximité et le citoyen. C’est dans ce cadre que France Télévisions lancera à la rentrée sur les réseaux sociaux un journal télévisé à destination des 12-18 ans qui sera rediffusé sur la chaîne franceinfo. « La jeunesse nous attend pour proposer des contenus qui les font grandir », a souligné Delphine Ernotte, présidente du groupe. « Nous lançons un grand plan d'investissement 2030 pour la jeunesse : d'ici à 5 ans nous doublerons les investissements dans les contenus dédiés aux moins de 30 ans », a-t-elle assuré. Outre le JT que les 12-18 ans retrouveront sur YouTube, Snapchat et d’autres plateformes, le groupe audiovisuel public va également proposer un nouveau magazine sur franceinfo en partenariat avec le média 100% vidéos Brut.

Autre priorité au cœur des préoccupations de ce public, l'urgence climatique, avec le renforcement et le rallongement du bulletin météo, devenu un « journal de la météo et du climat » en mars, sur France 2 et France 3. Le groupe proposera également tous les jours un grand journal dédié au climat sur franceinfo. Côté proximité, la mise en place du projet Tempo dès le 4 septembre sera effective avec des éditions des journaux nationaux du 12/13 et du 19/20 sur France 3 qui laisseront leur place, en plus d’ICI Matin, à ICI 12/13 et ICI 19/20 au sein de 24 éditions régionales. « Année après année, quand on questionne nos téléspectateurs sur ce qu'ils attendent, l'information locale est la demande numéro un », justifie Mme Ernotte qui concède au passage un changement « fort ». La réforme ayant en effet fait l'objet de trois jours de grève début juillet alors que le Syndicat national des journalistes (SNJ) a appelé mardi à un nouveau mouvement de 48 heures à partir du 3 septembre. « D'ici à 2030, nous amplifierons notre investissement dans les territoires » en collaboration avec Radio France, a-t-elle également indiqué, évoquant la création d'une marque commune à France Bleu et France 3 (en plus de la plateforme existante ICI), « un projet éditorial commun » et le regroupement de « certaines » équipes des deux groupes « comme dès cette année à Rennes ». Première conséquence de la fin des JT nationaux sur France 3, l'un de ses visages bien connus, Catherine Matausch, a décidé de quitter le service public, a annoncé Alexandre Kara.

Du nouveau

Côté programmes d’information, si les JT de 13h et 20h semaine et week-end verront leurs décors changer à la rentrée, un nouveau magazine d’investigation fait son apparition (le jeudi en 2ème partie de soirée) avec l’équipe de Complément d’enquête. Baptisé la Guerre de l’Info, celui-ci sera animé par Tristan Waleckx. Pendant 52 minutes y seront décortiqués les manipulations de l’information. L’emblématique Envoyé Spécial lancera quant à lui une collection de spéciales thématiques autour de sujets concernant et entend proposer davantage de reportages sur l'international. Sur franceinfo canal 27, place au tandem Jean-Baptiste Marteau-Zohra Ben Miloud pour incarner la nouvelle matinale de 6h30. Transfuge et figure de BFMTV, Aurélie Casse prend quant à elle  les commandes de C L’Hebdo tous les samedis, à 19h, tandis que Karim Rissouli inaugure un nouveau rendez-vous, En Société.  

France Télévisions confie par ailleurs les clés de la nouvelle émission « Nos grandes décisions » à Hugo Clément sur France 2 où le public et les téléspectateurs pourront participer à la prise de décision importante d’un homme ou d’une femme pour son avenir. Sur France 5 encore, Karim Rissouli assurera la présentation de En Terre Opposé qui emmènera intellectuels, artistes et autres politiques en immersion afin de créer le débat entre eux. France 2 enregistrera également le retour de Frédéric Lopez pour Notre Vraie Nature, un programme où 4 personnalités évolueront en quasi-autonomie.

Chaises musicales

Et si Laurent Ruquier quittait France Télévisions, comme la rumeur en fait état depuis plusieurs jours maintenant ? Il « n'a pas encore décidé s'il quittait Les Enfants de la Télé », assure Stéphane Sitbon-Gomez, directeur des antennes et des programmes. Quoi qu’il en soit, Sophie Davant arrête Affaire conclue pour rejoindre Europe 1, tout en animant une nouvelle émission, Animaux et Compagnie, sur France 3. Julia Vignali, qui lui succède dans Affaire Conclue, sera remplacée par Marie Portolano en provenance de M6) dans Télématin. Jarry prendra pour sa part les commandes de Tout le Monde veut Prendre sa Place, en remplacement de Laurence Boccolini, aux manettes d'une nouveauté, Le Grand Concours des Français. Un temps présentée comme partante, Faustine Bollaert restera sur France 2, où elle hérite d'un nouveau magazine de conso-témoignage, Ça vaut le Coup. Pendant les JO de Paris 2024, France Télévisions crée le duo Léa Salamé-Michel Drucker pour un talk-show quotidien, Quels Jeux ! France 2 entend, par ailleurs, mettre l'accent sur l'humour avec un talk-show hebdomadaire confié aux humoristes Alex Vizorek et Philippe Caverivière, tandis que Bertrand Chameroy prépare une nouvelle émission d'infotainment. 

Repenser ses marques

En pleine négociation avec l'État pour son contrat d'objectifs et de moyens (COM) pour 2024-2028, Delphine Ernotte en a profité pour tendre la main aux chaînes privées, qui ont récemment accusé le groupe public de concurrence déloyale. France Télévisions ne cherche ni à les « concurrencer » ni « à accroître la publicité », a assuré la dirigeante, « je veux même me différencier ». « Réconcilions-nous », a-t-elle lancé à ses confrères de TF1, M6 et Canal+. « Nous prendrons tous les engagements nécessaires pour les rassurer », souligne-t-elle encore. « Les guéguerres ne sont pas à la hauteur du défi du siècle », a-t-elle insisté, appelant à ne pas « laisser les plateformes imposer une forme d'uniformisation culturelle ».

Enfin, Delphine Ernotte a annoncé mardi que son groupe était en phase de réflexion pour repenser ses marques. Devront-elles se fondre dans celle de sa plateforme france.tv pour ne plus faire qu’une ? Ce sera quoi qu’il en soit pour « après les JO 2024 », a-t-elle assuré.

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Alexandre Kara, Delphine Ernotte et Stéphane Sitbon-Gomez (© Thierry Wojciak/CBNews)

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