Faux départ
J’ai déjà certainement dû vous le dire, mais je suis mordu de Formule 1. Et ça ne date pas de Drive to Survive sur Netflix. Je fais partie de ces gens pour lesquels il y a deux sortes de week-ends, avec ou sans Grand Prix. Cette semaine, vous avez de la chance, c’est sans. Mais ce n’est pas de ce dimanche trop calme qui s’annonce dont je veux vous parler. Non, c’est d’intelligence artificielle. Encore ? Oui, encore. Quoique. J’ai appris cette semaine qu’un magazine allemand nommé Die Aktuelle avait publié une fausse interview de Michael Schumacher réalisée par une IA. Et là, je dois dire que les bras m’en sont tombés. L’article comportait des citations attribuées à Schumi et évoquant sa vie familiale depuis l’accident et son état de santé, explique l’AFP. Mais pourquoi ? Pourquoi faire parler quelqu’un qui depuis dix ans s’est effacé de la vie médiatique avec une efficacité remarquable. Pas une photo, pas un propos. Il y a bien une raison, non ? Nous la connaissons tous, même vous qui n’êtes pas atteints du syndrome de la grille de départ. Et pourquoi avoir recours à l’intelligence artificielle pour singer un être humain qui veut qu’on lui foute la paix ? Qu’est-ce qu’une telle manœuvre minable peut apporter à ce journal, à part un procès ? Je m’énerve un peu, non parce que c’est Schumacher dont je n’étais pas particulièrement fan (je ne suis fan d’aucun pilote, je les admire tous), mais parce que je suis affligé par l'utilisation inepte de cette intelligence générative avec laquelle on peut produire de très belles choses, comme ce film récemment primé au Nikon Film Festival que je vous invite à découvrir. Une étude réalisée par WPP publiée cette semaine indique que les Français ont une assez bonne connaissance de l'IA, y porte un intérêt certain teinté d’une inquiétude légitime. Un jugement avec lequel je suis parfaitement en phase, comme on dit chez les gens sérieux. Encore faudrait-il que cette techno géniale ne serve pas à organiser un Championnat du monde de Formule Crétins.