RH des Agences Media : la flexibilité change de sens
Alors que l’offre a désormais dépassé la demande, préciser que le marché de l’emploi connaît de vives tensions dans le secteur des media s’apparente à un doux euphémisme. Depuis désormais deux ans, la pandémie a clairement accéléré de nombreuses mutations et usages. Et si le télétravail peinait à s’imposer avant la pandémie sans pouvoir répondre aux aspirations des directions de nos agences media, la flexibilité s’est aujourd’hui érigée en valeur centrale dans le cadre collaboratif. Notons par ailleurs que la flexibilité au travail s’étend bien au-delà du périmètre du travail à distance mais nous faisons le choix de nous cantonner à ce sujet dans le cadre de cette tribune. Problématique générationnelle, puis thématique devenue incontournable à l’heure des confinements, le distanciel a fait ses preuves et la migration d’une multitude de collaborateurs en province illustre ce phénomène. Les agences media amorcent ainsi leurs mutations RH au pas de course et tentent de réinventer un nouveau modèle collaboratif valorisant et efficace pour conserver et motiver leurs talents mais aussi pour en attirer de nouveaux.
Ce n’est un secret pour personne, la transformation digitale s’opère depuis désormais plus d’une décade et les évolutions technologiques ainsi que la crise sanitaire ont accéléré ce phénomène. Au-delà du gain de productivité et d’agilité pour les entreprises, cette tendance se traduit également par des frontières de plus en plus perméables entre la vie personnelle des collaborateurs et leur travail. En d’autres termes, avant covid, ce qu’on appelait « flexibilité » correspondait à la capacité d’un collaborateur à mettre sa soirée entre parenthèse au service de ses clients. Désormais, la flexibilité, c’est la capacité d’une entreprise à attirer les talents, en leur permettant de calibrer au quotidien leur équilibre vie pro/vie perso. Ce pourquoi les collaborateurs ont désormais la capacité de reprendre l’organisation de leur « vie perso » en main, tout en assurant l’excellence opérationnelle auprès des clients de l’agence.
Le rapport employeur/employé se modifie et prend ainsi une nouvelle forme. De fait, horaires de travail, lieu de travail ou organisation managériale d’une équipe s’imposent désormais au cœur des discussions préalables à une embauche. Certains préféreront dire que salaire rime avec nerf de la guerre mais l’équilibre vie professionnelle - vie privée joue également un rôle central. Ce dernier tend par ailleurs à s’imposer bien au-delà des plus jeunes générations qui pourtant, semblent davantage aspirer à accorder plus de temps à leurs loisirs. Le rejet des contraintes parisiennes commence en effet à se faire sentir. Qu’il s’agisse du manque de temps de tirer profit des avantages de la capitale, des tendances inflationnistes du moment, du coût plus attractif de la vie provinciale, de ses loyers plus faibles et d’un cadre de vie moins oppressant, nous pouvons et devons être à l’écoute des demandes de mutation hors d’Ile-de-France. Oui, migrer en province tout en collaborant pour une entreprise dont le siège se situe à Paris s’apparente désormais à une vérité palpable. Pour autant, tout ne peut être envisagé à n’importe quel prix et une ligne directrice s’impose, le maintien de la cohésion et le sentiment d’appartenance à un groupe.
Donner le meilleur de soi devient possible dès lors qu’en sentiment d’intégration au sein d’un groupe ou d’une communauté émerge. Pour ce faire, le distanciel implique que le management repose sur un triptyque préalablement établi : la confiance, la responsabilité et l’exigence. Par essence, chaque profil de collaborateur ne peut donc s’inscrire dans cette trajectoire sans accompagnement. En parallèle, n’oublions pas que l’informel soude le groupe, que de l’informel naît l’expérience et le vécu. Il est ainsi nécessaire de maintenir des moments de partages pour créer une harmonie dans un groupe et assurer sa pérennité. Alors que le travail en agence établit sa mue pour assurer en changement en profondeur, le distanciel gagne ses lettres de noblesses. Mais le présentiel n’a pas pour autant dit son dernier mot. De nouveaux défis demandent à être relevés pour créer des cultures du lieu de travail et inscrire les collaborateurs dans une dynamique collective qui sublime chacun d’entre eux : de la pluralité naît l’unité, de l’unité se forge l’entité.
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