Aux temps de la gloire et de l'opulence
Je ne sais pas si c’est l’automne qui s’installe enfin, mais il m’arrive de plus en plus souvent qu’on me parle de mon âge. Gentiment, je vous rassure, mais quand même. Souvent involontairement. Parfois indirectement, comme ce copain qui me fait remarquer le côté tout à fait ringard de continuer à envoyer des Gif animés dans les messages WhatsApp alors que cela ne se fait plus depuis au moins trois mois. A force, j’ai parfois cette impression que la fuite du temps s’accélère. Tiens, l’autre jour, je reçois un communiqué de presse à propos d’un nouvel hôtel de super luxe qui ouvre dans le sud de l’Espagne. Pourquoi mon œil s’attarde-t-il sur ce communiqué plutôt qu’un autre ? Peut-être parce que je réalise que je connais cet endroit puisque c’est là, que dans les années 90, se tenait le Grand Prix de l’Affichage. Un événement alors assez fastueux, symbolique d’une époque totalement révolue. Or donc cet hôtel, dans lequel la crème de la création publicitaire se retrouvait alors régulièrement pour y élire les meilleures affiches de l’année, vient de rouvrir après une profonde rénovation. Et ledit communiqué d’expliquer que « cette ouverture marque la fin de la transformation du tristement célèbre hôtel Byblos, symbole de la gloire et de l'opulence de la fin du XXe siècle ». « Tristement célèbre » ? Je m’inquiète, regarde sur Google si par hasard cet établissement aurait été le théâtre d’une version méditerranéenne de Shining… Mais non rien. La triste célébrité vient peut-être d'un penchant de l’auteur du communiqué pour les formules approximatives. À moins que les voyages de publicitaires du siècle dernier soient désormais à ce point condamnables que l’on s’en afflige publiquement. Je ne devrais peut-être pas avouer ce passé honteux.