Delphine Ernotte reconduite à la tête de France Télévisions
Une première. C’est en effet la première fois que le dirigeant sortant du groupe France Télévisions voit son mandat reconduit. Delphine Ernotte, en poste depuis 2015, a donc convaincu mardi les Sages du CSA de lui renouveler leur confiance pour un nouveau mandat de 5 ans qui débutera le 22 août prochain. Dans son avis motivé réglementaire, le CSA souligne qu’il a fait le choix « de la poursuite des transformations engagées pour assurer dans le dialogue, la concertation et le respect des équilibres budgétaires et l’adaptation de France Télévisions à un environnement en mutation rapide ». L’instance indique en outre s’être fondée « sur des engagements pris en matière éditoriale pour élever la place de la création, développer l’offre culturelle éducative, renouer les liens avec la jeunesse et assurer une information de référence ». Le CSA précise enfin qu’il a « pris acte » de la volonté de la dirigeante que France Télévisions s’adresse « à tous les Français » et ainsi de les représenter « dans la richesse de leur diversité, en prenant en compte l’ensemble des territoires, et de constituer des équipes qui reposent sur un principe de parité et de diversité ». De même, il souligne avoir pris en compte « l’orientation affirmée » d’inscrire le groupe audiovisuel public dans « l’univers numérique et dans le concert européen ».
Lors de son audition mardi, Delphine Ernotte soulignait que pour elle « la télévision publique, c’est contribuer à un projet de société » et qu’il « faut penser l’avenir de France Télévisions, en faire le moteur de la relance au service de la souveraineté culturelle ». Dès septembre, elle annonçait la mise en chantier de la raison d’être de France Télévisions. Qu’elle mettrait aussi en place un think tank pour imaginer la TV de demain et organiserait aussi de véritables États généraux dédiés. Elle a en outre souhaiter le maintien de France 4 en tant que chaine linéaire avec une offre d’éducation qui serait « référente » pour la famille. Si elle ambitionne de « doubler » son engagement autour des programmes jeunesse en les hissant à 100 millions € par an, France 5 sera pour sa part dédiée à la « priorité écologique et environnementale » tandis que les chaines du groupe devront être repensées avec « intelligence et délicatesse », précisait-elle alors devant les Sages du CSA.
Parmi les projets, également, la création d’une chaine numérique dédiée à l’olympisme avec Paris 2024 en ligne de mire et l’ambition de développer des coopérations avec la presse quotidienne régionale et mettre en avant le « journalisme de solutions ». Tout comme porter à 500 millions € par an (vs 480 M€ actuellement) les investissements dans la création et le cinéma. Elle a par ailleurs annoncé la mise en place, avec l’Institut national de l’audiovisuel (INA), d’un campus de la création audiovisuelle. Elle s’est par ailleurs dit mardi « consciente » des efforts encore à faire par le groupe France Télévisions dans la parité des intervenants et la représentation des minorités sur les antennes, notamment. Pourtant, en 5 ans, « 40% des visages ont été renouvelés et 60% des émissions ont été changées, j'ai voulu que nos antennes ressemblent davantage à la France », a-t-elle assuré devant son auditoire. D’ailleurs, dans le groupe audiovisuel public, le comité exécutif est aujourd'hui paritaire. Mme Ernotte a en outre, alors que la création de la holding commune aux entités d’audiovisuel public semblent abandonné par le gouvernement, a instillé l’idée d’une « holding par la preuve ». Côté finances, elle s’est dite « inquiète » pour la trajectoire 2021 et encore plus pour 2022. « Mon enjeu sera de discuter avec l’actionnaire » de ces passages financiers, avait-elle alors conclu son audition. L’intégralité de l’audition est disponible ici.
À l’actif de Delphine Ernotte, notamment, le lancement de la chaîne franceinfo en un temps record, la création de plusieurs plateformes numériques (Okoo, Lumni, france.tv, Slash), et bientôt de Salto, le service de vidéos par abonnement détenu par France Télévisions, TF1 et M6
Pour ce nouveau mandat, le CSA avait reçu 12 candidatures dont huit avaient été jugées recevables: celle de Delphine Ernotte, de Christopher Baldelli, ancien patron de RTL qui a également dirigé France 2, de Serge Cimino et Michel Goldstein, tous deux journalistes à France Télévisions, de Pierre-Etienne Pommier, conseiller numérique de La République en marche à l'Assemblée (LREM), de Jean-Paul Philippot, patron du groupe audiovisuel belge RTBF, de Serge Schick, ex-directeur de la stratégie de Radio France et de Sandrine Roustan, qui travaille pour le deuxième plus gros groupe médiatique chinois Shanghai Media et est passée par M6 et France 4.