Seulement 15% des Français sont prêts à payer pour une information sûre
L’institut Ipsos vient de publier sa dernière étude internationale « Global Advisor », qui a mené l’enquête dans 29 pays dans le monde sur la confiance dans les médias. Les Français ont-ils foi dans leurs sources d’informations ? Comment s’informent-ils ? L’étude révèle qu’ils font partie des habitants de la planète qui sont les moins prêts à payer pour obtenir une information sûre (15%) et qui lisent le moins la presse écrite quotidienne, alors que seul un Français sur deux (52%) s’estime capable de déceler une fausse information.
Avec respectivement un score de 74% et 72%, télévision et réseaux sociaux dominent le palmarès des sources d’information dans le monde, devant les nouveaux sites en ligne sur ordinateur (62%) et les applications dédiées sur les mobiles (61%). Si les Français restent des gros consommateurs de télévision (62% la regardent tous les jours), ils font toutefois partir de ceux qui lisent le moins quotidiennement la presse écrite : 28% des Français avouent ne jamais ouvrir un quotidien, et 8% seulement y sont fidèles chaque jour (contre 14% dans le monde). Un Français sur deux (48%) utilise les réseaux sociaux comme moyen de s’informer au quotidien, c’est onze points derrière la moyenne mondiale (59%). Les Malaisiens (83%) et les Turcs (81%) sont par exemple les plus nombreux à s’informer quotidiennement via les réseaux sociaux.
52% des Français croient dans leur propre capacité à repérer les fake news
« Être gratuit, ne pas multiplier les publicités et inspirer confiance sont les trois conditions pour être un média apprécié » : les Français, sont ainsi parmi les moins nombreux à se déclarer prêts payer pour une information sûre (15%). « Les Français veulent disposer d’une information fiable, gratuite, mais sans publicité : c’est un peu vouloir le beurre et l’argent du beurre, dans un contexte où le modèle économique des médias est en pleine transformation, et où l’on sait que la publicité et l’abonnement constituent la pierre angulaire du financement des médias en France », a déclaré Yves Bardon, directeur du programme Flair, Ipsos Knowledge Center.
La gratuité peut servir de cheval de Troie : 67% des interviewés déclarent ne lire que les informations auxquelles ils peuvent accéder gratuitement, ce qui peut ouvrir la porte à des stratégies de désinformation, notamment des pays étrangers. Ainsi, Les Américains (58%), les Turcs (57%), les Chinois et les Britanniques (54%) sont convaincus que des puissances étrangères peuvent les manipuler intentionnellement via les médias : un avis partagé par 39% des Français. A l’heure où la frontière entre vérité et Fake news peut être difficile à matérialiser, 40% des Français affirment chercher à s'assurer que les informations proviennent de sources dignes de confiance. 52% des Français croient par ailleurs dans leur propre capacité à repérer les fausses nouvelles (58% au niveau mondial), mais 30% doutent que leurs concitoyens peuvent faire preuve du même discernement.
« Ces résultats montrent la vitalité, qui doit nous alerter, du principe de Saint-Thomas inversé dans le rapport à l’information et à la confiance : une grande partie des gens ne voient que ce qu’ils croient », a conclu Yves Bardon, directeur du programme Flair, Ipsos Knowledge Center.
Méthodologie : enquête réalisée du 22 Mai au 5 Juin 2020 dans 27 pays auprès de 18 998 adultes âgés de 18-74 aux Etats-Unis, Canada, Malaisie, Israël, Afrique du Sud et Turquie et de 16 à 74 ans dans 23 autres marchés : Allemagne, Arabie Saoudite, Argentine, Australie, Belgique, Brésil, Chili, Chine, Colombie, Corée du Sud, Espagne, France, Grande Bretagne, Hongrie, Inde, Italie, Japon, Mexique, Pays-Bas, Pérou, Pologne, Russie et Suède.