Diversité à la TV : les chaines doivent passer à l’action
La représentation de la diversité de la population française à la télévision s'est un peu améliorée en 2018, mais elle reste très éloignée de la réalité à plusieurs niveaux, selon le baromètre annuel publié jeudi par le Conseil supérieur de l'audiovisuel. Comme chaque année depuis 2009, le CSA a décortiqué les programmes (tous genres confondus) d'une vingtaine de chaînes (celles de la TNT gratuite et Canal+) durant deux semaines. Et sur les 1.450 heures étudiées, il s'est intéressé aux 37.100 personnes qui apparaissaient à l'écran. Parmi les principales conclusions, le CSA note un "effort" des chaînes en ce qui concerne la représentation de la diversité des origines. La part des personnes "perçues comme non blanches" a ainsi progressé à 17%, contre 16% en 2016 et 14% en 2012. Mais cette progression est tirée par la fiction, une catégorie de programmes où le taux de personnes "non blanches" grimpe à 20%. Et cet effet est lié aux séries et films américains : le taux tombe à 14% dans les fictions françaises, et même à 10% si on exclut la chaîne ultramarine France Ô. En outre, dans les émissions de télévision, ces personnes sont surreprésentées dès qu'il est question d'activités "marginales" ou illégales (43%) ou de personnes précaires (42%), observe le CSA.
Autres enseignements, la représentation des personnes en situation de handicap reste désastreuse, à 0,7%, un chiffre qui n'a quasiment pas évolué, alors que 12 millions de Français ont un handicap durable ou provisoire selon l'Insee. De même, seules 0,7% des personnes qui apparaissent sur le petit écran sont en situation de précarité, un niveau "très éloigné de la réalité". On relève également une sous-représentation de personnes âgées et une surreprésentation des CSP+ (74%, alors qu'il ne représente que 27% de la population). De même, la diversité géographique des personnes vues à la télé ne reflète pas la composition de la société : seules 3% des personnes étudiées habitent des grands ensembles de banlieues populaires, et 0,3% l'outremer (si l'on exclut les programmes de France Ô). Pour Mémona Hintermann-Afféjee, la conseillère du CSA chargée de ce dossier, qui a présenté ces chiffres à la presse, au-delà de ce baromètre, "il y a une réelle prise de conscience des chaînes" de la nécessité de mieux refléter la population, dans leur propre intérêt, mais il faut qu'elles passent à l'action. Le CSA, a-t-elle rappelé, ne dispose juridiquement d'aucun pouvoir coercitif en la matière, et les améliorations reposant donc sur le bon vouloir des chaînes.