Greenflex : Tout savoir du consommer mieux en France et en Europe
Greenflex, entreprise de conseil stratégique, vient de présenter son 13ème baromètre du « consommer mieux » en France et en Europe, réalisé avec l’institut YouGov et le soutien de l’ADEME. L’occasion de s’interroger sur les achats des consommateurs, d’identifier leurs produits préférés en magasin à l’heure des gammes bio, mais aussi de s’interroger sur leurs habitudes au quotidien, dans l’idée d’un futur responsable et durable.
Consommation responsable, tendances bio, grande distribution, solutions alternatives pour changer le monde, ralentir la pollution plastique, innovation et rôle des entreprises au chevet de l'écologie et de la société ; voici les grandes thématiques abordées autour de la 13ème édition du baromètre du « consommer mieux » de Greenflex. Sur fond d’urgence écologique en effet, l’heure est venue, pour Stéphane Petitjean, directeur associé conseil de GreenFlex, d’évoquer la mobilisation citoyenne et les défis de la surconsommation en France, en Europe et plus largement, dans le monde. Ainsi, après avoir administré un questionnaire en ligne en mai 2015 et enquêté auprès d’un échantillon de 6000 répondants sur cinq secteurs divers, il en ressort que le modèle de société (de consommation) est vécu comme à bout de souffle par un grand nombre de consommateurs du monde entier.
2004, la saga du développement durable
Comme l’explique la méthodologie, le « développement durable » n’est pas né d’hier, à l’heure des gammes bio dans les rayons des hypermarchés. La tendance ainsi que le terme se seraient en réalité inscrits dans l’esprit des consommateurs à partir de 2004, avant de devenir, progressivement, l’enjeu de tous. En 2006 par exemple, ils étaient déjà 60% à acheter des produits issus du développement durable (tous secteurs confondus). Et jusqu’en 2008, la population se serait sensibilisée à cette thématique en explorant les alternatives possibles, avant de véritablement changer ses habitudes à partir de 2009-2013, en répercussion à la crise économique.
La voix du « consommer mieux » ne se serait ensuite, ouverte qu'entre 2014 et 2018 avec la multiplication des écolabels et la volonté de transparence des consommateurs envers les marques et les entreprises (avec 51% de consommateurs consommant des écolabels). Cela s’illustrant au travers de divers niveaux de préoccupation (réchauffement climatique, extinction des espèces, tri du plastique, gâchis dans la mode et le textile, etc…), allant de la simple inquiétude, à la véritable transformation de son mode de vie personnel (alimentation, déplacements, achats, etc…).
Consommer moins, une affaire d’entreprises pour les Français
Aussi, à l’heure actuelle, le « consommer mieux » devrait passer par les engagements des entreprises, pour la plupart des sondés. 88% des Français pensant d’ailleurs que les entreprises incitent à la surconsommation, avec 91% de répondants quant à l’industrie de la mode. Et 86% de répondants souhaitant désormais que la consommation prenne moins de place dans la société. Problème, celles-ci semblent dépassées, surpassées par l’état. Pour la majorité donc, la réussite ne tient pas au simple engagement citoyen mais à une refonte complète du système et de son économie ; le mythe de la croissance infinie étant tombé depuis longtemps…Face à cette tranche de population, persiste une minorité de répondants (4%) persuadés que « tout va bien ».
Pour une généralisation du « consommer mieux »
Ainsi, si le « consommer mieux » était une nouvelle tendance il y a dix ans et plus, 67% de sondés ont depuis changé leurs habitudes. 67% d’entre eux ont modifié leurs pratiques et 13% sensibilisent les autres aux causes qui leur sont chères pour l’avenir et l’avenir de la planète (face à 4% qui n’ont pas envie de changer leur consommation). Mieux encore et cette fois-ci, du côté des entreprises, le terme de « consommer mieux » a changé la vision des produits dans les commerces, créant des leviers d’achat (produits meilleurs pour la santé, garants de la planète, plus efficaces ou de meilleur goût). Quant au consommateur, qui a modifié son caddie, celui-ci semble privilégier la production locale ou Française. 89% déclarent également acheter en suivant les saisons, sinon s’inquiéter du bien-être animal lors d’achats vestimentaires (63%). Ils ont également développé un regard acéré sur l’offre durable.
Bio-coup d’arnaques en rayons
A l’heure de la transparence, le consommateur n’est plus dupe en rayon, désormais capable de déceler les arnaques au rayon bio (26% de consommateurs méfiants envers les marques). En effet, tous les produits bio ne se valent pas pour 82% des Français et 84% préfèrent s’approvisionner en fruits et légumes auprès d’un producteur local que des denrées venues d’ailleurs (autre pays). Autre fait impactant largement la consommation du bio : la multiplication des offres sur cette gamme de produits en particulier (ou rayon crèmerie), observable sur les tickets de caisse des clients, selon les observations de 3W RelevanC. D’autres encore, se tournent vers les circuits alternatifs (producteur, réseaux spécialisés, épiceries, etc).
Etre acteur de la consommation n’est donc plus une tendance mais un véritable mode de vie et ce, jusqu’à récupérer des matériaux, s’investir personnellement pour faire bouger les lignes, avoir un métier qui a davantage de sens, ou même radicalement changer le contenu de son assiette (flexitarisme, baisse de consommation de viande bovine et de lait, volonté de mieux rémunérer les agriculteurs et les producteurs), sinon les ingrédients de la recette de sa lessive (lessives écologiques). Même tendance observée au rayon hygiène (pas spécialisés). En revanche, si le panier des acheteurs est aujourd’hui plus varié, les foyers élevés semblent plus concernés par cette situation que les autres.
Quelles tendances dans l’Europe ?
La France serait-elle toutefois meilleure que les autres pays en Europe ou dans le monde ? Les Européens interrogés en tout cas, semblent d’accord sur un point : tous plébiscitent le consommer mieux et partagent les mêmes inquiétudes environnementales (changement climatique, biodiversité, déchets plastiques). Le modèle de consommation est également remis en question par de nombreux citoyens, toutes frontières confondues (50% pensant qu’il faut revoir le modèle économique) avec une majorité d’Européens pensant ne pas être soutenus par les entreprises. 2/3 des citoyens pensent également que leurs achats impactent la planète, de manière globale. Que retenir du baromètre alors ? Que la consommation responsable est l’affaire de tous et que les marques n’ont plus à attendre demain pour montrer l’exemple et engager leur clientèle sur divers plans.
Méthodologie : Analyse réalisée par GreenFlex (Maud Chassande, Mathilde Grandclaude, Stéphane Petitjean) avec enquête menée par Yougov, du 6 au 15 mai 2019 avec des échantillons représentatifs des populations nationales sur la méthode des quotas. 6005 répondants et 2000 répondants par pays (Royaume-Uni, Espagne, Italie, Allemagne, Suède, France).