Mayonnaise artificielle
Avant toute chose, je voudrais rassurer les plus fidèles d’entre vous : cet édito n’a pas été réalisé par une intelligence artificielle et il ne le sera jamais. Du moins, tant que je serai là. Je sais l’attraction que ces nouvelles technologies exercent sur les professions créatives, il n’est qu’à voir la couverture du dernier numéro de CB News (toujours en vente chez les meilleurs marchands de journaux, autopromo gratuite) réalisée avec une fameuse IA, couverture que je trouve, en toute subjectivité, superbe. Mais pour ce qui est de l’exercice hebdomadaire dont vous avez le résultat sous les yeux, pas question de céder ma place à un logiciel, aussi intelligent soit-il. Pour qu’il arrive à être crédible, il faudrait y introduire une pincée de bêtise humaine, sans laquelle la mayonnaise ne prend pas. Je précise que cette métaphore aussi culinaire qu’éculée ne fait pas partie des 50 expressions les plus utilisées dans les médias en 2022, relevées par mes confrères du JDD. C’est « cerise sur le gâteau » qui arrive en tête, avec plus de 30 000 citations, ce qui est certes savoureux, mais surtout énorme. Je voudrais cependant me faire l’avocat de notre profession d’écrivaillon en rappelant que ces fameuses tournures de phrases faciles sont moins des valises que des outils pour les gens dont le travail est d’écrire et de décrire, le plus souvent dans l’urgence. C’est ainsi que « le vent en poupe » ou « à la loupe » viennent compléter le podium. Parce que ça coule de source et que ça fait gagner du temps. La preuve qu’on n’a pas encore besoin d’intelligence artificielle pour répéter les mêmes phrases sans grande imagination. D’ailleurs, je n’ai pas trouvé une meilleure formule que " bonne année" pour vous adresser mes vœux avec une sincérité tout à fait humaine.