McCann Paris accusée de ficher illégalement ses salariés
Le syndicat Info'com-CGT a déposé une plainte pour "collecte déloyale de données à caractère personnel" et "discrimination", visant l'agence de publicité McCann Paris qu'il accuse d'avoir recensé 35 salariés dans un fichier illégal, a appris mardi l'AFP de source proche du dossier. Cette plainte, révélée par Mediapart et consultée par l'AFP, a été déposée le 18 février auprès du parquet de Nanterre. Selon les plaignants, ce fichier avait "pour fonction première d'identifier les personnes pour lesquelles un licenciement doit être envisagé au plus vite en raison de leurs états de santé, de leurs âges ou de leurs activités syndicales". La plainte vise d'autres infractions, dont celles de "conservation en mémoire informatisée sans le consentement exprès de l'intéressé (...) faisant apparaître directement ses appartenances syndicales et son état de santé", et de "divulgation" et "traitement de données à caractère personnel" depuis janvier 2020. Selon ce document, "les techniques managériales dénoncées reposeraient sur le harcèlement, la discrimination, la terreur et la délation des employés de l'agence" et sur "l'existence d'un fichier Excel ayant vocation à collecter les données à caractère personnel" de ces employés "sans que ces derniers aient préalablement donné leurs accords". Dans ce fichier, transmis par voie anonyme à plusieurs fédérations syndicales, des informations sont inscrites sur l'affiliation syndicale, le mandat de délégué du personnel, le salaire ou l'ancienneté des employés. Une colonne "contexte" indique aussi l'état de santé de certains salariés présentés comme "en longue maladie" ou "fragilité psychologique". Dans une autre colonne "commentaires" certains sont qualifiés de "toxique" ou "dangereux", sans raison objective liée à leurs compétences professionnelles, explique la plainte. "Aucun processus de pseudonymisation n'a donc été mis en place pour garantir la confidentialité et l'intégrité des services de traitement des données", souligne également la plainte.
Contacté par l'AFP, McCann Paris "déplore que des contre-vérités et des propos malveillants viennent porter atteinte à son image et celle de ses collaborateurs". "En tant qu'employeur et dans le respect de la réglementation applicable, McCann Paris est autorisé à établir et conserver un tel document", affirme l'agence, assurant que les "commentaires d'appréciation individuelle (...) ne sont en aucune manière attribuables à l'équipe dirigeante". La direction a proposé qu'une enquête en interne soit menée "pour déterminer la réalité et l'étendue des faits décrits dans le courrier anonyme".