Nonce Paolini : après TF1, tourner la page
"Je partirai comme je suis venu, sans faire de bruit. Pas de discours, pas de pot de départ, pas de télévision offerte pour mettre dans mon salon... Le 19 février au soir, mes cartons seront dans la voiture". Nonce Paolini, président-directeur général du groupe TF1 depuis juillet 2008, tirera en effet sa révérence à cette date pour laisser son fauteuil à Gilles Pélisson qui lui succédera alors. En confiance. "C'est moi qui l'ai proposé au conseil d'administration. J'ai une relation amicale avec lui depuis 16 ans, nous avons travaillé ensemble pendant 4 ans. Et puis il était administrateur de TF1 depuis 2009", a-t-il expliqué lors du traditionnel déjeuner organisé par l'Association des journalistes media (AJM). Même "si je ne suis pas à l'heure des bilans", M. Paolini confesse que sa satisfaction du moment est que "Gilles nous rejoignent". Souhaitant ainsi faire tabler rase de sa présence, il insiste : "je n'aurai plus de responsabilités, je démissionnerai de mes mandats d'administrateur de TF1 et de Bouygues".
"Nous sommes devenus des agrégateurs de contenus"...
Il en a également profité pour revenir longuement sur la défense du dossier de rachat du producteur Newen, qui irrite France Télévisions, premier client de Newen. "Nous n'avons pas acheté Newen pour récupérer "Plus belle la vie" (le feuilleton de France 3 produit par Newen, ndlr), ni pour piller nos clients, mais pour investir dans la création", a lancé le patron de TF1, soulignant que désormais France Télévisions serait son "client". "Cette opération a suscité beaucoup de réactions négatives, ça prouve qu'on va dans le bons sens", a-t-il affirmé. Pourtant, insiste-t-il, "le groupe TF1 sera plus un actionnaire de Newen qu'un opérateur" à l'heure où "nous les diffuseurs sommes devenus des agrégateurs de contenus", soulignant qu'en ce qui concerne le respect et la confidentialité des affaires, "nous connaissons, respectons et maîtrisons". Newen, "rattaché à la présidence de TF1 et non à sa direction des programmes", sera ainsi "notre base de départ" avec "un nouveau métier pour TF1, celui d'actionnaire". L'ambition est affichée pour le groupe de production : développer aussi bien le marché français que l'international. "Gilles Pélisson a une dimension internationale qui va nous aider", estime le futur ex président de TF1.
Et pourquoi pas Buffalo Grill ?
Que "Vivendi rachète Banijay-Zodiak, qui possède la société de Nagui et qui fait aussi Fort Boyard", fournissant certains des programmes phares de France Télévisions, "ça ne gêne personne!", a fait valoir Nonce Paolini. Vivendi a en effet confirmé mardi soir le rachat de 26,2% de Banijay-Zodiak, n°3 européen de la création de programmes, pour 290 millions d'euros sous forme de cash et d'obligations. "Le marché français a pris beaucoup de retard dans l'initiative et l'internationalisation", relève-t-il. "Pour TF1, la seule chose qu'on m'autoriserait à racheter, ce serait Buffalo Grill! Qu'on investisse dans la création, c'est insupportable aux uns et aux autres", a-t-il indiqué. Le président-directeur général de TF1 a en outre annoncé qu'il demanderait aux pouvoirs publics que son groupe puisse produire 50% de ses programmes de fiction en interne ou en coproduction, au lieu des 25% autorisés actuellement. Delphine Ernotte Cunci a, elle, demandé pour France Télévisions que cette part passe à 25% au lieu de 5% actuellement. Le gouvernement envisage un changement de réglementation pour début 2016.
La fin de la "protection" de BFM TV et i-Télé ?
Enfin, interrogé sur l'avenir de LCI suspendu à la décision du CSA sur son éventuel passage en TNT gratuite, Nonce Paolini s'est montré à la fois détaché... et mordant. "Je ne sens rien, je n'ai pas le nez pour ce genre de chose". Rappelant que le dossier de la chaine d'information de son groupe avait déjà été recalé deux fois, le président de TF1 attend d'abord l'étude d'impact qui devrait être rendus publique "la semaine prochaine". Mais, insiste-t-il, "on ne pourra plus dire que BFM TV ou i-Télé méritent d'être protégées". En effet, pour lui, "tout le monde a aujourd'hui compris que ces deux chaines sont adossés à des groupes surpuissants", faisant ainsi référence à l'entrée du groupe NextradioTV, maison mère de BFM TV, dans la galaxie media constituée par Patrick Drahi, patron de SFR, tandis que le groupe Canal+ possède i-Télé. Toutefois, souligne-t-il, "nous nous conformerons à la décision du CSA" sans détailler plus avant l'avenir de LCI en cas d'un "non" de l'instance : "nous en tirerons les conséquences".