M6 s’offre le pôle radio de RTL France pour 216 millions d’euros
Le groupe de télévision M6 a annoncé mardi des négociations avec son actionnaire de référence RTL Group pour le rachat du pôle français de radios de RTL pour 216 millions d'euros, enclenchant le regroupement des activités TV et radio du groupe luxembourgeois en France. M6 voudrait acquérir "100% des titres du pôle radio de RTL Group en France, qui comprend les radios RTL, RTL2 et Fun radio, ainsi que leur régie IP France et leurs activités internet", précise-t-il dans un communiqué. Les chiffre d’affaires et EBITA du pôle radio de RTL en France se sont élevés respectivement à 168 M€ et 24 M€ en 2015. Le groupe luxembourgeois RTL Group, lui-même filiale de Bertelsmann, est l'actionnaire à 48,26% de M6, et détient 100% de RTL France. M6 regroupera ainsi dans un même ensemble les radios RTL, RTL2 et Fun Radio et les chaînes de télévision M6, W9, 6Ter, Paris Première. "Ce projet est une étape importante pour le groupe qui réaliserait ainsi la plus grosse opération de croissance externe de son histoire, ajoutant à ses autres activités le métier de la radio" et deviendrait plurimédia, selon Nicolas de Tavernost, président du directoire de M6. "Il permettrait ainsi d'associer le deuxième groupe privé français de télévision avec le premier groupe privé français de radio", note-t-il. RTL Group voudrait obtenir par cette opération "une combinaison de ses activités TV et radio pour créer des synergies dans la publicité et les investissements technologiques", indique-t-il dans un communiqué distinct.
Les leviers de développement
La réorganisation "n’aura pas d’effet sur l’identité journalistique des radios RTL ou des chaînes M6", assure RTL Group. Les radios devraient "conserver leur autonomie éditoriale", renchérit le groupe M6 de son côté. "Nous réorganisons nos activités de TV et de radio françaises dans une société unique, complètement intégrée, qui va nous rendre plus compétitifs dans le monde des médias numériques", selon Guillaume de Posch et Anke Schäferkordt, qui co-dirigent RTL Group. M6 précise en outre qu’il a d’ores et déjà identifié les leviers de développement avec, notamment, un rapprochement des équipes commerciales dédiées aux marchés télévision, radio et digital, afin « de renforcer l’attractivité des offres marketing et publicitaires en s’appuyant sur la complémentarité des publics et des moments de consommation de chaque média », souligne-t-il. De même, il vise un renforcement des activités et services digitaux, car la croissance rapide de la consommation des deux médias en format numérique non linéaire « exige une forte capacité d’innovation et d’investissement, qui sera plus performante avec l’action coordonnée des différentes équipes », relève-t-il encore tout en appelant à un « partage des compétences » dans les métiers de support, « autour des meilleurs outils de gestion et techniques, en visant une amélioration continue des processus et organisations au service des opérationnels ». Ainsi, le groupe M6 vise-t-il un EBITA de 40 M€ pour le pôle radio « à horizon 2020 ».
Une redevance pour l’utilisation de la marque RTL
De plus, dès la réalisation de l’opération, deux conventions réglementées seront mises en place entre le groupe M6 et RTL Group. L’une au titre d’une redevance pour l’utilisation de la marque RTL et l’autre pour la refacturation des coûts de diffusion de RTL en ondes longues depuis le Luxembourg. « Le montant annuel ne saurait excéder 3% du chiffre d’affaires du pôle », selon M6. Cette opération doit encore recevoir le feu vert du Conseil supérieur de l'audiovisuel, tandis que le gouvernement luxembourgeois sera consulté par RTL Group. Radio la plus écoutée en France, RTL, a enregistré une audience de 11,9 % en septembre/octobre, selon les chiffres de Médiametrie. Fun affichait de son côté une audience de 6,4 % après avoir été écartée des deux précédentes vagues d’audience. M6 envisage de financer l'opération entièrement par endettement.