Le groupe TF1 muscle son offre et montre ses dents
Le groupe TF1, qui a vu son bénéfice net divisé par deux en 2016, compte redresser sa rentabilité ces trois prochaines années en musclant certaines de ses activités. "Notre stratégie est désormais multichaînes, multiécrans et multimétiers", a souligné son président Gilles Pélisson qui a succédé à Nonce Paolini il y a près d’un an. Pour répondre à l'effritement de l'audience de son navire amiral, la chaîne TF1 (avec une part d'audience en baisse de 1 point à 20,4%), à la forte concurrence sur la TNT et aux perspectives moroses du marché publicitaire, le groupe a présenté jeudi une stratégie donnant une part plus grande à la production et au numérique. Le groupe va modérer ses achats de séries américaines, au profit de fictions françaises notamment produites par Newen, société dans laquelle il a pris une participation majoritaire au premier semestre 2016, et veut développer les coproductions. Il va aussi se montrer "mesuré et prudent" dans ses achats de droits sportifs et renégocier certains contrats pour les programmes de flux.
Une coupure du signal TF1 si…
Il s’est en outre montré déterminé à voir aboutir ses discussions avec les fournisseurs d'accès à internet, les câblo-opérateurs et les opérateurs satellites afin d’obtenir de leur part une rémunération pour la distribution de ses chaînes sur leurs box. Pour l’heure, aucun accord n’est signé. Sans accord, à terme, le groupe TF1 envisagerait de cesser la diffusion de son signal sur les box. "Il y a vraiment un problème de partage de valeur à rééquilibrer. Nous sommes très déterminés", a ainsi martelé Régis Ravanas, directeur général adjoint de TF1 chargé de la publicité et de la diversification. Enfin, TF1 veut mieux monétiser la diffusion de ses programmes en ligne, en proposant par exemple le visionnage payant sur internet de ses séries à l'avance. Pour ses programmes courts, il s'efforce de négocier une meilleure monétisation avec les grandes plateformes Youtube ou Facebook, grâce au poids acquis par son alliance avec Prosiebensat.1 et Mediaset au sein du réseau multichaînes Studio71.
Des décrochages publicitaires en Belgique
TF1 souhaiterait en outre profiter dès 2018 de décrochages publicitaires en Belgique, a confirmé M. Pélisson. "On envisage très sérieusement (un décrochage publicitaire) en Belgique, avec une demande de conventionnement qu'on a envoyée au CSA français", a indiqué le responsable. "Ce sera vraisemblablement en place avant l'été 2017 pour une commercialisation d'écrans sur une partie des contenus (...) pendant l'année 2018", a-t-il précisé. Selon le CSA belge, TF1 bénéficie d'une part d'audience de 15% en Belgique francophone. Ce "débordement d'audience" au-delà de l'Hexagone représente "un bonus" qui profitait jusqu'ici aux annonceurs des chaînes françaises, selon le CSA. Mais TF1 voudrait commercialiser séparément des espaces publicitaires pour ses audiences belges via des décrochages spécifiques. Le ministre wallon des médias Jean-Claude Marcourt s'était inquiété en novembre de tels décrochages devant le Parlement. "Ce serait un tremblement de terre", sur le marché publicitaire audiovisuel belge, et risquerait de mettre en péril l'équilibre des médias francophones, notamment la RTBF et RTL-TVi, avait-il indiqué cité par l'agence Belga.
-58% pour le du bénéfice net part du groupe en 2016
L'exercice 2016 s'est en effet affiché en retrait pour TF1 avec une chute de 58% du bénéfice net part du groupe, à 41,7 millions d'euros. Le résultat opérationnel a été divisé par trois, à 45,7 millions d'euros, même si une baisse de 50 millions est imputable à des éléments comptables (impact du décret sur les parts de coproduction et amortissement d'un écart d'acquisition dû à l'achat de la société de production Newen). Le chiffre d'affaires sur l'exercice a progressé de 2,9%, à 2,062 milliards d'euros. Mais alors que l'activité de production est montée en puissance, gagnant 46,5%, et que chaîne TF1 maintient sa position de leader avec 90 des 100 meilleures audiences de 2016 (notamment aidée par l'Euro de football), les recettes publicitaires ont baissé dans l'ensemble de 1,6% (-1% pour les seules chaînes gratuites) en raison du recul des audiences. Le groupe s'est également félicité d'une bonne maîtrise des coûts des programmes, à 960,5 millions d'euros, un peu moins qu'annoncé. TF1 voit néanmoins une "tendance positive au quatrième trimestre" tant en terme d'audience que de rentabilité, a souligné le directeur général-adjoint, Philippe Denery. Le chiffre d'affaires trimestriel a quant à lui progressé de 5,2%, pour un bénéfice net de 55,5 millions (+58,6%). Ces bons signaux ont poussé TF1 à promettre un redressement de sa rentabilité, qui devrait se voir dès 2017. Il vise un "taux de marge opérationnelle courante à deux chiffres en 2019". Ce taux de marge a cédé 1,6 point l'an dernier, à 6,3%. Mais au quatrième trimestre, traditionnellement plus favorable, il s'est redressé à 13%. A moyen terme, le groupe envisage aussi "une croissance des activités hors publicité des cinq chaînes gratuites (TF1, NT1, HD1, TMC, LCI, ndlr) qui devraient représenter au moins un tiers du chiffre d'affaires consolidé en 2019" et de maintenir ses coûts annuels des programmes à 980 millions d'euros pour ces 5 chaînes. Enfin, dès 2017, il vaut maintenir la part de marché publicitaire de sa régie, et confirme vouloir réaliser de 25 à 30 millions d'euros d'économies récurrentes. A l'issue de 2016, le groupe présente une trésorerie nette de 186,7 millions d'euros ce qui lui laisse une marge de manoeuvre pour d'éventuelles acquisitions. (avec l'AFP)