Le projet de chaîne publique d'info prend forme
Le portrait de la future chaîne d’info publique se précise : diffusion sur les box et sur internet, effectifs de 75 personnes provenant de redéploiements internes, utilisation d’images de France 2 et France 3, rappels de titres fournis par France Info et décrochage la nuit sur France 24, selon un document interne. Ce document de la direction de France Télévisions détaille l’organisation de la chaîne qui doit démarrer en septembre, une priorité de la présidente Delphine Ernotte. Ce projet sera présenté le 15 janvier aux représentants du personnel lors d’un CE extraordinaire. Interrogée, la direction n’a pas souhaité s’exprimer avant cette date. La chaîne publique d’info sera composée d’un patchwork du travail des rédactions de France Télévisions et de ses partenaires (France 24, France Info, INA). Son budget annuel n’est pas précisé mais elle ne devra pas grever les budgets des groupes audiovisuels publics, donc se fera sans coût supplémentaire ou presque. Pour 2016 n’ont été budgétés, en propre, que 6 millions d’euros. Ses contenus seront surtout ceux fournis par ses partenaires, à commencer par les images des rédactions de France 2, France 3 et France Ô. "Les rédactions de France Télévisons captent et fabriquent des images" qui "constituent une source d’approvisionnement native qu’il convient d’exploiter en priorité", indique le document. Outre des tranches de direct (6H-9H, 18H-20H et 22H-24H) avec 2 JT par heure, la chaîne "décrochera" la nuit sur l’antenne de France 24, la chaîne d’info du groupe public France Médias Monde, (de minuit à 6H) et sur la radio France Info deux fois par jour. France Info fournira aussi régulièrement des rappels des titres. Et le matin, la chaîne utilisera largement les équipes et les productions de Télématin, la tranche matinale de France 2. Ses programmes seront accueillis, en vidéo à la demande, sur le site FranceTVInfo, pour être aussi diffusés sur les réseaux sociaux. Des vidéos courtes, sans son, sont aussi prévues, pour s’adapter aux usages en mobilité. Installée au siège de France Télévisions, dans le sud-ouest de Paris, elle sera diffusée depuis l’ancien plateau des JT de France 2, pour "montrer au public l’envers du décor".
Deux caméras automatisées seront installées sur place pour permettre aux présentateurs de se déplacer au sein de la rédaction. Ces derniers adopteront "un ton renouvelé et moins cérémonieux, notamment en ne reprenant pas les codes actuels de présentation des chaînes tout info : un présentateur ou un duo de présentateurs assis derrière un bureau", promet le groupe public. Il veillera aussi à "mettre en avant les visages de la diversité". La chaîne aura recours "à de nouvelles formes de narration utilisant davantage de datas et d’infographies" et compte utiliser largement les contributions du public : les images amateur, "encadrées dans leur utilisation, seraient une composante importante de la nouvelle offre". Le public visé est "connecté, plutôt jeune, notamment issu de la génération "milléniale" . France Télévisions veut mettre cette nouvelle chaîne au cœur d’une rédaction unique, fusionnant les rédactions nationales de France 2 et de France 3, soit près de 500 journalistes en tout. Un projet contre lequel continue à se battre le SNJ, principal syndicat des journalistes du groupe. Pour accélérer ce dossier délicat, après avoir nommé Michel Field à la tête de l’information, Delphine Ernotte a nommé en décembre un patron pour cette future rédaction fusionnée, Alexandre Kara, ainsi que ses adjoints, dont Celia Meriguet à la tête du site FranceTV Info.