Déploiement de la RNT : les pour, les contre…comme d'habitude
Forcément. La publication mercredi du rapport du CSA prônant le déploiement de la Radio numérique terrestre (RNT) à coups d’appels d’offres locaux dans des zones prioritaires a fait des heureux… et des malheureux. Le clivage demeure entre les tenants d’une RNT en mouvement et ceux qui la considèrent déjà comme obsolète. Le Syndicat interprofessionnels des radios et télévisions indépendantes (SIRTI) s’est donc pour sa part réjouit que le rapport du CSA marque « (son) engagement (…) sur un déploiement rapide et cadencé de la RNT en France ». Il en profite pour proposer de retenir également parmi des zones à initialiser « en priorité » celles de Bordeaux, Toulouse, Clermont-Ferrand, Montpellier, Rennes et Le Havre. Le SIRTI souligne en outre sa volonté de voir ses adhérents participer à ces appels à candidatures pour « faire adhérer les auditeurs à cette nouvelle mutation du média radio, gratuit, universel et sans contrôle d'accès ».Même tonalité du côté du GIE des Indés Radios qui « salue » la décision du CSA. Pour lui, ce rapport « est un pas important qui rend désormais la RNT incontournable en France ». Il revient aussi sur « l’idée répandue par les adversaires de la RNT que son développement coûterait trop cher », arguant que la diffusion en RNT est « de 3 à 5 moins chère qu’en FM ». Et de citer en exemple la diffusion en RNT dans la norme DAB+ qui est « actuellement facturée entre 7 200 à 8 400 € par an » pour une zone de diffusion alors qu’en comparaison avec la FM, « une diffusion à Marseille avec une couverture équivalente est de 30 000 € par an », martèle le GIE. En outre, souligne-t-il, la prise de position du CSA « aura à terme un impact économique positif sur le marché publicitaire qui avait besoin de voir se moderniser un média qui n’a pas changé depuis l’après-guerre », conclut-il. Quant à «L'Alliance pour la RNT », association fondée en octobre dernier, elle dit attendre maintenant « les détails (du) calendrier d'appels qui viendront confirmer l'ambition du CSA auprès de tous les acteurs ». Enfin, le Groupe 1981 affiche également dans un communiqué sa satisfaction et son « soulagement ». Déjà présent sur la RNT, il ambitionne désormais de répondre « à tous les appels à candidatures locaux lancés par le CSA avec ses radios Ado et Latina dans une logique de déploiement national de ces radios », assure-t-il. De plus, il présentera des candidatures avec ses cinq autres radios dans leur zone de diffusion régionale comme Vibration (présente dans treize départements du centre à la Bourgogne et l’Auvergne), Voltage (Ile-de-France et Oise), Wit (Gironde), Forum (Centre, Limousin, pays de la Loire et Poitou-Charentes) et Blackbox (Bordeaux). Le Groupe 1981 entend par ailleurs poursuivre sa « forte campagne de sensibilisation de ses auditeurs aux avantages de la RNT ».
L’incompréhension du Bureau de la radio
Le Bureau de la Radio, composé des grands groupes radiophoniques nationaux*, fait part quant à lui de son « incompréhension devant une décision qui ne trouve guère de justification rationnelle, technique ou économique ». Il rappelle ainsi que 37,9% des 13-19 ans et 27,3% des 20-24 écoutent déjà la radio par internet via des supports multimédias, un secteur radio affichant ainsi « une mutation technologique (…) déjà largement entamée ». Une technologie « obsolète face à l’explosion de l’audience IP », souligne-t-il. Les « défis de l’IP » mobilisant les ressources d’investissement des éditeurs radio. Pour lui, la RNT nécessite la mise en place « d’une infrastructure dédiée qui n’existe pas à ce jour ». Dans ce cadre, « s’obstiner » à poursuive le déploiement de la RNT en France alors que le rapport du CSA « ne tire aucun bilan de plus de 6 mois de diffusion (…) est difficilement compréhensible », poursuit-il. Le Bureau de la Radio jugeait « préférable de pouvoir tirer des enseignements concrets de ces diffusions plutôt que de satisfaire l’émergence de nouvelles radios sans aucune perspectives économiques puisqu’elles seront-elles-même confrontées à une audience confidentielle », conclut-il.
* : RTL, NRJ, Europe 1, Nostalgie, Fun Radio, RMC, Virgin Radio, RTL2, RFM, Chérie FM, Rire & Chansons, BFM Business.