Attentats de Paris : tollé des rédactions contre le CSA

C'est peu dire que les critiques et les sanctions du CSA sur la couverture des attentats de Paris ont été mal accueillies dans les rédactions des télévisions et des radios concernées.  L'attitude du Conseil est généralement vue comme une forme de censure qui ne profitera, selon les rédactions, qu’au flot de rumeurs véhiculées par les réseaux sociaux. Des responsables de plusieurs médias tancés par le CSA devraient d'ailleurs se réunir demain mardi à TF1 pour adopter une position commune face au gendarme de l’audiovisuel et examiner un éventuel recours devant le Conseil d’Etat contre les décisions du CSA. Après avoir analysé 500 heures de programmes, les sages ont adressé jeudi soir à 16 médias 36 avertissements pour avoir pendant leurs directs sur les prises d’otages de janvier révélé des informations sensibles, susceptibles de menacer la vie des otages. Avec la menace d’amendes ou autres sanctions en cas de récidive. "Le CSA s’arroge le droit de faire évoluer ses missions et de se transformer en censeur des ondes", dénonce le SNJ, qui s’inquiète d’un "bâillon aux rédactions". Le CSA pousse à "l’autocensure" des médias, ajoute le syndicat. "Dans aucun pays démocratique confronté à des situations similaires, une instance d’État n’est allée aussi loin dans la volonté de s’ériger en guide tutélaire." Le SNJ veut "se pourvoir devant la juridiction compétente" et appelle à la création d’une "véritable instance nationale de déontologie, associant des représentants des journalistes, des éditeurs et du public". Vendredi soir, les SDJ de France 2, BFMTV, RTL, iTélé, France 24, RMC ont dénoncé dans un communiqué commun l'"injonction au silence" du CSA, qualifiant sa réaction de "volonté de mise au pas", "clairement attentatoire à la liberté d’informer". 

"Nous contestons les sanctions disproportionnées du CSA", écrivent-elles, estimant que, par ses avertissements, le CSA "déroule le tapis rouge aux fausses informations, aux théories complotistes qui fleurissent déjà sur les réseaux sociaux, loin des regards et des compétences des sages de la Tour Mirabeau", poursuit le communqué. "D’un côté des journalistes professionnels, formés, expérimentés et encadrés dans des rédactions de premier plan. De l’autre, des charlatans anonymes, passeurs de mensonges. Et ce sont les premiers qu’il faut contraindre ?", s’indignent les SDJ des six rédactions. Plus tôt vendredi, Jean-Marc Four, directeur de la rédaction de France Inter, avait jugé que le CSA n’était ni légitime ni pertinent en "maître d’école" qui distribue des "mauvais points". "Le CSA impute aux médias la responsabilité de déterminer quand une situation de + sauvegarde de l’ordre public + l’emporte sur le devoir d’informer. Or, nous n’avions reçu aucune consigne des pouvoirs publics sur des informations qu’il conviendrait de ne pas livrer", a-t-il commenté sur l’antenne de France Inter. "En distribuant des mauvais points aux médias audiovisuels, il laisse le champ libre à la jungle des réseaux sociaux. Surtout, il pose en réalité un jugement moral sur ce devraient publier ou pas les journalistes. Au nom de quelle légitimité ce jugement est-il porté ?" a-t-il lancé. 

La réponse du CSA est "totalement disproportionnée", a renchéri la Société des journalistes de RFI, qui lance une "mise en garde au CSA : merci de respecter l’indépendance des journalistes et la liberté d’informer". Même indignation de la Société des rédacteurs d’Europe 1, qui proteste contre une "sanction injuste". La Société des journalistes de TF1 a dit avoir découvert "avec colère" les mises en demeure du CSA. "Le ton du CSA […] est déplacé compte tenu, comme il le reconnaît lui-même, + des difficultés propres à la couverture d’une telle actualité + ", a-t-elle ajouté. Jeudi soir, plusieurs responsables de médias audiovisuels avaient déjà exprimé leur incompréhension face au recadrage du CSA.

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