Le marché français de la SVOD multiplié par 9 depuis 2012
Le Centre national du cinéma et de l’image animée (CNC) et la Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) viennent de conjointement publier une étude sur le marché de la vidéo à la demande par abonnement (SVOD) en France. En 100 pages, le document analyse la typologie des services, la stratégie commerciale et éditoriale des acteurs sur le marché français et à l’international. Il met également en perspective les enjeux économiques et de régulation soulevés par le développement de ces services. Ainsi, en 2017, le marché de la SVOD en France a-t-il été de 249 millions €, en hausse de +91% vs 2016, et multiplié par 9 depuis 2012. UN marché qui reste toutefois « très limité », selon l’étude si on le compare à celui de la TV payante linéaire (3,3 milliards € en 2016). Dans ce contexte, près d’un service sur cinq n’est pas déclaré en France (Netflix aux Pays-Bas, Amazon Prime Video au UK ou encore SFR Play au Luxembourg…) tandis que quatre services sur cinq ont un positionnement « spécifique » (manga, jeunesse, musique…) vs des offres généralistes types CanalPlay ou Netflix. Puis, selon l’enquête, un internaute sur quatre se déclarait fin 2017 en tant qu’’utilisateur d’un service de SVOD, soit +13 point en un an. Pour les auteurs de l’étude, plusieurs facteurs expliquent que le marché de la SVOD est moins développé par rapport à d’autres pays européens : l’abondance de l’offre gratuite et le « succès » des offres « triple play » proposées par les FAI.
Trop d’offre tue l’offre ?
Dans sa conclusion, l’étude relève que la croissance du marché de la SVOD est « largement conditionnée par la propension à payer du consommateur pour des offres exemptes de publicité ». Constatant que son poids est « encore limité dans le secteur audiovisuel », son développement « devrait participer à l’intensification de la concurrence » sur les marchés de l’édition de services de médias audiovisuels. Un essor qui pourrait également avoir un impact sur les offres de TV payantes avec lesquelles ils présentent « certaines similarités », soulignent les auteurs de l’étude qui n’observent pas encore sur le marché français le phénomène américain au « cord-cutting » (les « coupeurs de cordon » sont ces personnes qui résilient leur abonnement aux TV payantes au profit de solutions alternatives existant sur Internet, ndlr). L’enquête souligne en outre que les services généralistes établis à l’étranger captent « la majeure partie » du marché de la SVOD dans l’Hexagone et constate dans le même temps que ces services ne sont pas soumis à des obligations d’investissements dans la création locale et que celle-ci ne peut donc « pas être garantie ». Le CNC et le CSA pointent en outre que les conditions de financement et d’acquisition des droits de ces créations locales par les plateformes « soulèvent des interrogations sur le cycle traditionnel de rentabilité des œuvres basé sur la revente à court terme des droits par les producteurs et les distributeurs sur leur marché domestique et à l’international ». Cependant, notent-ils, la réforme de la directive SMA « devrait en partie » pallier cette difficulté et ainsi « donner aux acteurs nationaux la capacité de se développer dans cet écosystème plus équilibré ». Enfin, l’étude souligne que la multiplication des offres et des exclusivités que les acteurs développent pour se différencier « pourrait se faire au détriment du consommateur si celui-ci n’est pas en mesure d’accéder à des contenus diversifiés pour une dépense totale qui soit raisonnable ». L’intégralité de l’étude est téléchargeable ici.